Bien que peu populaire, ses posts sur le réseau social X ne dépasse que rarement les 600 « j’aime », l’activiste burkinabè, Ibrahim Maïga, tient une place toute particulière sous le règne d’Ibrahim Traoré. A la fois fou du roi et âme damnée du Président, notre agitateur a dernièrement poussé les bouchons trop loin et risque fort d’avoir compromis son exil américain.
Ce quadragénaire au visage joufflu est apparu dans le paysage médiatique sous le premier mandat de Roch Marc Christian Kaboré. Alors opposant, Ibrahim Maïga s’est permis tous les coups en diffusant des documents militaires sensibles et en proférant des injures contre le procureur du Faso.
D’opposant à griot
Recherché par la justice, il prend alors la fuite et s’exile au Texas. Il ne rentrera au pays qu’à la faveur du coup d’Etat de Paul-Henri Damiba en janvier 2022. Mais très vite les choses se gâtent entre le nouvel homme fort du Faso et l’activiste qui se serait, selon certaines sources burkinabè, montré beaucoup trop gourmant. Il retourne donc aux Etats-Unis et y reste malgré l’arrivée de son ami Ibrahim Traoré au pouvoir en septembre 2022. C’est donc depuis sa résidence américaine, bien loin des affres de la guerre, qu’il adoube, tance, distribue malédictions ou bénédictions, c’est selon. « Mon président se nomme IB et celui qui pense que comploter contre lui sera une promenade de santé doit comprendre que le plus difficile ce n’est pas d’atteindre IB, mais c’est ce qui viendra ensuite si nous autres sommes vivants. » écrit-il par exemple sur X.
Car, il y a une constante chez les activistes de n’importe quel pays ou de n’importe quel bord, ils sont condescendants, sûr d’eux, sans nuance. Pour eux, la vérité des faits ne tenant qu’un rôle aléatoire, le monde est divisé en deux : les bons, les méchants, en dehors de ce partage, point de salut. Bien que prêchant dans le royaume virtuel de X et de Tik Tok, ils n’en sont pas moins néfastes dans le monde réel. Ibrahim Maïga est de ceux là, sauf qu’à la différence des autres qui ne sont souvent que des petits télégraphistes aux ordres de ceux qui les paient, lui peut se prévaloir d’avoir un véritable ascendant sur le président du Burkina Faso.
Maïga parle, Traoré s’exécute
Lorsqu’Ibrahim Maïga s’exprime dans ces vidéos, s’agissant de l’Etat burkinabè, il dit « nous », tant il sait que ses paroles seront suivies d’actes. C’est lui qui dès le 17 septembre indexe Wassim Nasr et demande des sanctions. Moins de dix jours plus tard une enquête sera ouverte contre le journaliste de FR24 dans tous les pays de l’Alliance des Etats du Sahel. C’est encore lui qui appelle la junte à s’en prendre aux proches des opposants, dans une vidéo postée sur X, il conseille avec un ton et un sourire affable : « Il faut forcer leurs familles à les pousser à entrer dans le rang. La chose que nous traversons est beaucoup plus importante que leurs misérables vies et que les misérables vies de toutes leurs familles réunies ».
Quelques heures plus tard, la femme de l’ex député de Dori était enlevée, puis suivaient les quatre enfants de Djibrill Bassolé. Sauf que cette fois, Ibrahim Maïga a poussé le bouchon trop loin et n’a pas mesuré les conséquences de sa fatwa. La fille de l’ancien ministre des Affaires étrangères, toujours détenue par la junte dans un endroit tenu secret est maman de deux enfants qui ont la nationalité américaine. Or, et c’est bien connu, les Etats-Unis n’abandonnent pas leurs ressortissants. Selon une source diplomatique aux Nations Unies, cela a donc conduit le Département d’Etat à s’intéresser de près à cette affaire.
D’autant qu’il devient de plus en plus délicat d’héberger sur leur territoire, un activiste qui bien qu’il s’en défende à longueur de vidéo ne prône pas la concorde entre les communautés. Ses cibles préférées sont les personnalités peules, à l’instar du journaliste Newton Ahmed Barry qu’il menace ouvertement « Rien n’a encore commencé mais retiens que la récréation est terminée ». A suivre…
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