La santé d’Ali Bongo ne relève pas de la vie privée

07/11/2018 – La redaction de Mondafrique

Face aux rumeurs qui mettent en péril la cohésion sociale du Gabon, à la dissimulation d’informations de la part du gouvernement et à l’importance pour l’avenir du pays, Tournons la page Gabon propose trois recommandations visant à régler la crise institutionnelle autour de l’état de santé du Président de la République, Ali Bongo Ondimba.

Le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimbaest absent du pays depuis le 23 octobre 2018. Il répondait alors à une invitation du Prince saoudien Mohammed Ben Salmane Al Saoud pour prendre part à la deuxième édition au Forum économique le « Davos du désert » à Ryad.

Alors que de nombreuses rumeurs circulent  sur l’état de santé du Président de la République depuis cette date, c’est seulement le samedi 27 octobre, c’est-à-dire trois jours plus tard, que la présidence de la République, par la voix de son porte-parole, évoque officiellement l’état de santé d’Ali Bongo. Il parle d’une « fatigue passagère », tandis que le lendemain, le même porte-parole évoque désormais une « fatigue sévère » diagnostiquée par des médecins.

A la vérité, les autorités gabonaises rattrapent la communication des médias internationaux et la communication virale des réseaux sociaux par rapport à laquelle elles ont pris du retard. Ce sont notamment les agences de presse Reuters, AFP ou les médias Jeune Afrique et RFI qui donnent l’information sur l’état de santé du Chef de l’Etat gabonais, alors que le Gabon dispose de sa propre agence de presse restée muette jusqu’à ce jour..

Tournons la Pageregrette que la Présidence de la République n’ait pas évoqué le sujet sur l’état de santé du Chef de l’Etat dans la conférence de son porte-parole, le 26 octobre.

Tournons la Pagedénonce une volonté de dissimuler à l’opinion publique cette information depuis lors. Surtout que, le Premier ministre, qui s’est exprimé sur cette actualité, le 29 octobre 2018, a parlé d’un « non événement » à Jeune Afrique.

Tournons la Pagedénonce donc la communication inaudible du Premier ministre à propos d’une information capitale pour toute la Nation gabonaise.

Tournons la Pageregrette également la cacophonie lexicale au sujet de l’état de santé du Chef de l’Etat qui a favorisé la propagation d’informations  pouvant déstabiliser notre pays. En effet, le porte-parole de la présidence avait d’abord parlé d’une « fatigue passagère » pour ensuite annoncer une « fatigue sévère », et enfin d’un repos. Ce type de communication n’est pas fait pour rassurer l’opinion publique qui s’en est trouvée heurtée, d’autant que les rumeurs qu’elle a ouvertes ont annoncé des informations dramatiques que nous ne saurions relayer.

Tournons la Pagerappelle que l’Etat de santé du Chef de l’Etat est une préoccupation importante pour toute la Nation ; qu’Ali Bongo Ondimba, dans l’exercice de ses fonctions, incarne la nation gabonaise et sa santé ne peut relever de sa vie privée ni du privilège de ses amis ; qu’en l’espèce, le peuple gabonais mérite plus de respect et d’égard devant se manifester par l’obligation gouvernementale d’informer l’opinion publique nationale. Car les Gabonais ont droit à une information avérée, vérifiable et vérifiée.

L’on retiendra qu’à l’issue du conseil interministériel du 3 novembre 2018, le Porte-parole du gouvernement et Ministre de la Communication, Guy Bertrand Mapangou, a lâché à la presse que la « vacance de pouvoir n’est pas à l’ordre du jour ».

En ce sens, pour mettre un terme à ce déferlement de rumeurs qui s’empare de l’opinion, Tournons la Page exige :

–      Qu’en cas d’incapacité à exercer ses fonctions ou d’absence manifeste du Chef de l’Etat, l’article 13 de la Constitution, portant sur la vacance temporaire ou définitive du pouvoir exécutif, soit activé pour permettre un fonctionnement régulier de l’Etat.[Laurent D1]

–      Qu’un compte rendu journalier de l’état de santé du président de la République soit fait par le gouvernement ;

–      Qu’une délégation gouvernementale se rende, avec des représentants de l’opposition, de la société civile, du Senat et de la Cour Constitutionnelle, au chevet du lit du Chef de l’Etat,  et rende compte à la Nation de l’état de santé du Président ;

Tournons la Pageespère que le Gouvernement de la République accèdera à ces trois exigences non seulement pour prouver la sincérité de sa communication, mais aussi pour rassurer l’opinion publique et éviter une psychose qui détériore la paix sociale déjà mise à mal par les événements post-électoraux violents d’août-septembre 2016, ainsi que par la politique d’austérité qui menace la qualité de vie des fonctionnaires et accentue le chômage des jeunes gabonais.

Fait à Libreville, le 07 novembre 2018