Le Raï numérique de Cheb Hamidou déboule en France

01/04/2021 – La redaction de Mondafrique

Cheb Hamidou, la nouvelle vedette du raï a « traversé la mer » pour tenter une carrière mondiale. Sur la toile, ses vidéos enregistrent des scores phénoménaux. Décryptage.

 La nouvelle génération du raï n’est pas née dans les cabarets d’Oran qui constituèrent, dans les années 70 et 80, le berceau du pop-rai, celui de Cheb Khaled and co.Le nouveau raï ne sort pas non plus des bouges de Sidi-Bel Abbès, où le genre musical est né. 

Enfin, la nouvelle scène raï ne s’est pas déplacée à Marseille comme on aurait pu le parier il y a 20 ans, quand les stars de la deuxième génération, emmenés  par Cheb Bilal, électrisaient les nuits de la cité phocéenne.

 Du viral, du vrai !

Le new-raï se fabrique dans un petit studio de province, à Mostaganem, avec sons numériques et produits chimiques. Les paroliers sont des stars au même titre que les arrangeurs ou les chanteurs. Mais surtout ce raï est né avec les nouvelles technologies numériques, s’est développé sur les réseaux sociaux, et n’a pas eu besoin de distributeurs, de clubs ou de cabarets pour devenir populaire,  ou viral comme on dit …

Que les nouvelles légendes du raï naissent sur Net n’est pas révolutionnaire en soi. Cela est valable pour toutes les musiques pop, partout dans le monde. 

Un des plus « cliqués »

On ne mesure plus la popularité d’un chanteur ou chanteuse de raï en nombre d’albums ou de K7 vendus, mais au nombre de vues de ses vidéos ou sons sur Youtube. Cheb Hamidou, qui vient d’arriver en France, caracole en tête des artistes les plus cliqués. Il pèse lourd:  cent-dix millions de vues en seulement douze chansons partagées sur YouTube depuis 2018.

Hamidou est né il y’a tout juste 30 ans à Relizane, à 135 bornes d’Oran. Dès ses 14 ans, il se met à chanter, reprenant des stars non du raï mais de la musique… charqi, orientale, en arabe. C’est-à-dire l’art du Moyen-Orient. 

Les références de l’adolescent Hamidou ne sont donc ni Khaled, ni Mami, mais George Wassouf le vieux crooner syrien, et Hussain al Jassmi, le rossignol émirati. A 16 ans, Cheb Hamidou commence à animer les fêtes de mariage. C’est là où il est remarqué par Amine Maghboun, le compositeur et parolier en vogue.

Mostaganem, la vouvellecapitale 

Deux hommes ont façonné le nouveau raï, Amine Maghboun, le parolier, et Mohamed Tippou, le producteur musical. Le raï qui sort de leur petit studio de Mostaganem cartonne depuis quelques années. A coup de vocodeurs et d’ambiances perchées, on chante l’amour dans des chansons où il est question de drague, de jalousies sentimentales, mais aussi de chasses-trapes numériques, de pièges avec Instagram, Snapchat et autres applications de rencontres.  

En 2018, Cheb Hamidou enregistre dans le studio Ganfouda, sous la houlette de Tippou et Amine Meghboune Min rouhiti twahchetek (c’est quand tu es partie que je te languis) : 6,5 millions et demi de vues sur YouTube. Il enchaîne les tubes et les records de vues, Manich fahem rouhi (je ne me comprends pas) : 21 millions de vues, Aâlabali marrakich mliha (je sais que tu n’es pas bien) avec le chanteur Kader Zakzouk, 36 millions de vues. Le duo récidive avec avec Twahchete ana la voix (je languis ta voix), 18,5 d’écoutes, Taâachki wa raki nakra (tu aimes mais tu ne veux pas le reconnaître), 7 millions de vues. 

Le succès sur la plateforme Youtube ouvre ç Cheb Hamidou les portes difficiles de la télévision Algérienne. Jusqu’au confinement du printemps de 2000, Cheb Hamidou aura eu le loisir de faire des tournées au Maroc, à Dubaï, et à Abu Dhabi, le plus souvent avec trois musiciens, synthé, percussions, basse. Et face à des dizaines de milliers de fans déchaînés.

« Que serais je sans toi ! « 

On n’avait plus de nouvelles de Cheb Hamidou jusqu’à la sortie de sa nouvelle chanson sur Youtube : « Ana Bla Bik Kiyasrali »- Que serai-je sans toi ». 

La vidéo ressemble aux précédentes. On y retrouve des jolies filles, de belles bagnoles, et des amoureux occupés à se maltraiter via des écrans de téléphone. Comme dans une émission de télé-réalité avec jeunes égocentriques en plein méli-mélo hormonaux.  Et exactement comme dans les précédents clips de Cheb Hamidou… sauf que cette fois la scène ne se passe ni à Mosta, ni à Béjaïa, ni à Dubaï, mais à Paris. 

Un Paris vide et sous-covid, Montmartre en ce temps suspendu ! 

Très attendue, cette dernière vidéo de Cheb Hamidou ne raconte pas seulement une nouvelle histoire d’amour contrariée, elle donne des nouvelles du chanteur. La star a réussi à traverser la mer. Paris à ses pieds, Cheb Hamidou attend la fin du confinement pour entamer un nouveau chapitre du raï en France.