Abuja, la créativité panafricaine du Beeta Arts Festival 2025

07/12/2025 – Patricia Bechard

Du 5 au 7 décembre 2025, Abuja s’est métamorphosée en capitale panafricaine de la créativité à l’occasion de la cinquième édition du Beeta Arts Festival. Théâtre, cinéma, danse, littérature et entrepreneuriat culturel se sont donné rendez-vous dans un même élan d’innovation, de partage et d’engagement social.

Désormais incontournable sur la scène culturelle ouest-africaine, le Beeta Arts Festival (BAF) s’est imposé, pour cette cinquième édition, comme une plateforme vivante de la création africaine actuelle. L’Abuja Continental Hotel, centre névralgique de l’événement, ainsi que plusieurs espaces partenaires, ont accueilli un public avide de découvrir la vitalité, la diversité et l’audace qui irriguent les arts du continent. Sous la houlette de l’actrice et productrice Bikiya Graham-Douglas, fondatrice et directrice du festival, le BAF a affirmé avec force sa vocation panafricaine : faire dialoguer disciplines, langues, générations et horizons, dans une atmosphère d’ouverture et de croisement fécond.

Le thème de cette édition, « Connected Voices », a exprimé la volonté de célébrer la pluralité des récits africains et d’encourager la circulation des idées, des esthétiques et des identités. Plus qu’un simple festival, le BAF s’est voulu un espace de dialogue, d’expérimentation et d’hybridation artistique, où les frontières entre les arts de la scène, le cinéma, la musique, la littérature, la mode ou l’entrepreneuriat se sont effacées au profit de l’innovation et du collectif.

Le théâtre, pilier du festival, a occupé une place de choix dans la programmation : des pièces portées par des comédiens de renom comme Ivie Okujaiye, Habiba Zock-Sock, Goodness Emmanuel ou Tony Edet ont interrogé les héritages postcoloniaux, la modernité et les multiples facettes de l’identité africaine contemporaine. La direction artistique des spectacles, assurée par Ola Rotimi Fakunle, figure incontournable du théâtre nigérian, a garanti exigence et créativité.

Courts et longs métrages : le cinéma en mouvement

Du côté du cinéma, la sélection s’est révélée exigeante et panoramique, mêlant courts et longs métrages venus du Nigeria, du Kenya, d’Afrique du Sud, du Burkina Faso, d’Ouganda, du Maroc, de Tunisie ou encore de Côte d’Ivoire. Cette programmation, tournée vers les voix émergentes et engagées, a reflété la richesse de la nouvelle vague du cinéma africain indépendant, avec une place de choix pour les jeunes talents issus de la Multichoice Talent Factory.

Les soirées du BAF ont résonné au son des musiques africaines actuelles : DJ sets, concerts live, performances de danse et showcases d’artistes émergents — dont le rappeur Muna Abi — ont fait vibrer le festival dans une ambiance festive, inclusive et foisonnante, où chaque spectateur a trouvé matière à découvrir et à partager.

Ouvert à toutes les formes d’expression, le Beeta Arts Festival a aussi déployé expositions d’arts visuels, ateliers de mode, stands d’artisanat, design et un vaste marché lifestyle. Cet espace « market & lifestyle » a mis en valeur le savoir-faire d’artisans, stylistes, designers et jeunes créateurs, symbole d’une économie créative africaine dynamique. Des partenariats, notamment avec #HerAFCFTA de l’UNDP, ont soutenu la mise en réseau et l’autonomisation des femmes entrepreneures dans le secteur culturel.

La littérature a également occupé une place centrale : lectures publiques, rencontres, discussions sur l’écriture, l’identité et la transmission ont rythmé la programmation, stimulant la réflexion et le dialogue entre auteurs et publics.

Mais le Beeta Arts Festival va bien au-delà de l’événement artistique. Porté par une véritable ambition militante et sociale, il a organisé, en partenariat avec ONU Femmes et la Dorothy Njemanze Foundation, des « Social Impact Dialogues » autour de thèmes cruciaux comme la lutte contre les violences basées sur le genre. Panels, ateliers et incubateurs (« The Bridge Room by Beeta ») ont été consacrés à l’entrepreneuriat créatif et à l’industrie culturelle, favorisant l’émergence de nouveaux projets, start-ups et coproductions.

En donnant la parole à la jeunesse, en encourageant la diversité, en créant des passerelles entre disciplines, pays et générations, le BAF 2025 incarne une Afrique inventive, consciente de ses défis et résolument tournée vers l’avenir.