La semaine culturelle africaine du 16 au 23 mai: l’Afrique en Caroline du Nord

18/05/2025 – La redaction de Mondafrique

De Québec à Paris, de Bruxelles à Durham, la scène culturelle africaine (du 16 au 23 mai) s’anime cette semaine au rythme des festivals, concerts et créations engagées. Jazz littéraire, griots modernes, fêtes populaires et cinéma panafricain : notre sélection met en lumière les voix multiples du continent et de ses diasporas.

Le 17 mai, le «  »Bimbé Festival » en Caroline du Nord

Durham (Caroline du Nord) accueille la 55e édition du Bimbé Cultural Arts Festival. Une journée gratuite rassemblant concerts, artisanat, gastronomie, animations et hommages à la culture africaine et afro-américaine.

Depuis 1969, le Bimbé Cultural Arts Festival est une institution culturelle à Durham, en Caroline du Nord. Cette année, le 17 mai 2025, le festival célèbre ses 55 ans d’existence au Rock Quarry Park, de 13h à 19h, dans une ambiance festive, conviviale et totalement gratuite. Véritable hommage à l’héritage africain et afro-américain, l’événement reflète l’énergie, la créativité et la résilience d’une communauté unie autour de sa culture.

Organisé par le service des parcs et loisirs de la ville de Durham, le Bimbé Festival s’inscrit dans une démarche de valorisation de la diversité culturelle et de transmission des traditions africaines à travers les arts. Pour cette édition anniversaire, la programmation est particulièrement riche et symbolique, avec comme tête d’affiche le chanteur R&B Raheem DeVaughn, artiste engagé, plusieurs fois nominé aux Grammy Awards. Connu pour son mélange de soul, d’activisme et de douceur vocale, il offrira au public un concert mémorable.

À ses côtés, le groupe hommage Just Fine revisitera le répertoire de Mary J. Blige dans un show énergique et nostalgique. Africa Live ! apportera des sonorités authentiques africaines, tandis que D. Shawn, artiste local impliqué dans la scène communautaire, viendra mêler hip-hop, parole engagée et présence scénique. L’animation de la journée sera assurée par Brian Dawson, personnalité emblématique de la station K97.5, garantissant une ambiance dynamique du début à la fin.

Mais le Bimbé est aussi une célébration familiale, communautaire, intergénérationnelle. Les enfants y ont une place centrale avec une zone familiale dédiée, comprenant des structures gonflables, des ateliers de percussions, des activités artistiques, des contes africains, du maquillage et même un camion de jeux vidéo. La bibliothèque du comté de Durham proposera sur place son bibliobus, distribuant gratuitement des livres et facilitant les inscriptions.

Côté artisanat, de nombreux stands mettront à l’honneur le savoir-faire afro-américain et africain, bijoux faits main, vêtements traditionnels, œuvres d’art, cosmétiques naturels et objets décoratifs seront proposés à la vente, créant un espace d’échange entre créateurs et visiteurs. La gastronomie sera également au rendez-vous, avec des camions proposant des plats traditionnels africains, caribéens ou afro-américains ; jerk chicken, collard greens, beignets, yassa ou encore desserts maison.

Moment fort de la journée : la cérémonie des « Homegrown Heroes » rendra hommage à deux personnalités locales. Virginia Williams, pour son engagement communautaire, et Joshua Rowsey, artiste et éducateur décédé récemment, seront honorés pour leur contribution à la vie culturelle et sociale de Durham. Un moment émouvant et fédérateur, rappelant que ce festival est aussi une tribune pour la reconnaissance de celles et ceux qui œuvrent dans l’ombre au quotidien.

Pour faciliter l’accès au site, un parking gratuit est prévu au Durham County Stadium (750 Stadium Drive), avec des navettes régulières vers Rock Quarry Park. Le public est invité à apporter chaises ou couvertures, car aucun siège ne sera fourni sur place.

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VAYU Quartet à Bruxelles le 17 mai : poésie et jazz en dialogue africain

Le 17 mai 2025, l’Atelier Marcel Hastir à Bruxelles accueille le VAYU Quartet pour un concert-lecture autour de Fragments d’une genèse oubliée de Laâbi. Une soirée entre musique, poésie et mémoire, dans une veine afro-jazzy raffinée et engagée.

C’est une date à marquer d’une pierre blanche pour les amateurs de poésie, de jazz et de culture africaine. Le 17 mai 2025 à 20h, l’Atelier Marcel Hastir à Bruxelles devient le théâtre d’une rencontre artistique rare, celle du VAYU Quartet avec le texte Fragments d’une genèse oubliée du poète marocain Abdellatif Laâbi. À travers une formule hybride de concert-lecture, le collectif belgo-africain tisse un dialogue entre musique vivante et parole poétique.

Le public est invité à écouter et à sentir. Le cadre intimiste de l’Atelier Marcel Hastir, lieu chargé d’histoire, fondé par l’artiste et résistant du même nom, offre un lieu idéal à cette performance politique, spirituelle et musicale. Loin du spectaculaire, le VAYU Quartet cherche la densité, la vibration et la nuance.

Composé d’un pianiste béninois, d’un saxophoniste sénégalais, d’une contrebassiste congolaise et d’un batteur belge passionné de rythmes afro-cubains, le VAYU Quartet s’est formé autour d’un désir commun : faire dialoguer les traditions musicales africaines et les écritures poétiques à travers une grammaire moderne. Leurs influences mêlent jazz modal, blues, musiques mandingues, slam, improvisation libre et textures harmoniques riches. Un métissage exigeant, mais jamais démonstratif.

Le texte choisi, Fragments d’une genèse oubliée, publié en 1999, constitue l’un des sommets poétiques d’Abdellatif Laâbi. Figure majeure de la littérature maghrébine et francophone, Laâbi y réinvente la création du monde du point de vue des exclus et des oubliés. Traversé par les mémoires coloniales, ce poème est, un chant de rébellion.

Sur scène, les mots sont portés par la comédienne et slameuse Sarah T., dont la voix oscille entre souffle et incantation. Ses phrases se glissent dans les interstices du quartet, s’élèvent, retombent, se suspendent. Le piano martèle, le saxophone ondule, la contrebasse gronde, la batterie pulse comme un cœur battant. Le texte devient musique, la musique devient texte. L’Afrique poétique rencontre l’Afrique sonore.

Cette soirée s’inscrit dans les célébrations culturelles de la Journée mondiale de l’Afrique, célébrée le 25 mai. Mais elle en propose une lecture différente, plus méditative.

En mettant en musique Fragments d’une genèse oubliée, le VAYU Quartet rend hommage à une parole trop souvent marginalisée ; celle des artistes africains qui refusent d’être réduits à l’exotisme. Ils disent l’histoire autrement, ils la chantent. Et ce soir du 17 mai, à Bruxelles, dans ce lieu discret au cœur de l’Europe, leur voix, fera battre un autre rythme du monde.

Le 18 mai, Dublin célèbre la diversité africaine

Le 18 mai 2025, Dublin vibrera au rythme de l’Afrique lors de l’Africa Day, une journée gratuite et familiale célébrant la richesse des cultures africaines à travers concerts, danses et animations au Royal Hospital Kilmainham.

Chaque année, le 25 mai marque la création de l’Union africaine et devient l’occasion, partout dans le monde, de célébrer l’Afrique contemporaine dans toute sa richesse. À Dublin, la fête commence dès le 18 mai avec l’Africa Day, un événement devenu incontournable dans le calendrier culturel irlandais. De 11h à 18h, le Royal Hospital Kilmainham se transforme en un grand village africain où musique, danse, gastronomie et artisanat s’unissent pour faire découvrir aux visiteurs un continent pluriel, jeune, créatif.

L’Africa Day, organisé avec le soutien du ministère irlandais des Affaires étrangères, vise à promouvoir la compréhension interculturelle, à renforcer les liens entre les communautés africaines et irlandaises, et à mettre en valeur la contribution essentielle des diasporas africaines à la société. En rassemblant des milliers de participants dans un cadre festif, l’événement rappelle que la culture est un formidable vecteur de dialogue, de connaissance et de reconnaissance.

L’édition 2025 s’annonce particulièrement riche. Parmi les têtes d’affiche musicales, le chanteur Caleb Kunle, originaire du Nigéria et installé en Irlande, proposera un mélange de soul alternative et d’afrofuturisme, porté par une voix veloutée et une présence magnétique. Le Discovery Gospel Choir, l’un des chœurs les plus inclusifs d’Irlande, apportera son énergie communicative à travers des chants inspirés des traditions africaines et afro-américaines.

Autour de la scène principale, une multitude d’activités sont proposées pour tous les âges. Les enfants bénéficient d’un espace dédié, avec jeux, animations, ateliers de percussion, contes africains et stands de maquillage. Pour les adultes, des démonstrations de danse, des cours de batik, des spectacles de théâtre de rue et des défilés de mode africaine créent un parcours immersif, joyeux et participatif.

Les visiteurs peuvent aussi déambuler dans le village des exposants, composé d’associations, d’organisations non gouvernementales et de créateurs, qui présentent leurs actions, leurs produits, leurs savoir-faire. La diversité des stands permet d’aborder des thématiques variées ; droits humains, éducation, solidarité internationale, entrepreneuriat afrodescendant ou encore environnement.

Et bien sûr, les saveurs du continent sont à l’honneur. De nombreux stands proposent une gastronomie africaine variée : plats d’Éthiopie, du Ghana, du Maroc, du Sénégal, du Nigéria ou encore de la Côte d’Ivoire. Tajines, yassa, injera, suya, beignets, sauces pimentées ou desserts à base de banane plantain raviront les curieux comme les connaisseurs.

L’Africa Day ne se limite pas à Dublin. Il est célébré partout en Irlande, dans les 31 comtés, avec des événements organisés localement par les autorités municipales et les associations communautaires.

Le Royal Hospital Kilmainham est un ancien hôpital militaire transformé en musée d’art contemporain. Cet édifice symbolise à la fois la mémoire, l’ouverture et la transmission. L’entrée est gratuite, mais les visiteurs sont encouragés à arriver tôt pour profiter pleinement de la journée. Des transports en commun renforcés et des zones de stationnement sont prévus pour faciliter l’accès.

Salif Keita au Trianon le 21 mai : l’âme mandingue se raconte en acoustique

Le 21 mai 2025, Salif Keita sera en concert au Trianon à Paris. Une soirée acoustique exceptionnelle pour découvrir son nouvel album So Kono, entre mélodies profondes, engagement et émotion. Une rencontre rare avec une légende de la musique africaine.

Il est de ces voix qui traversent le temps, les frontières, les douleurs et les réconciliations. Celle de Salif Keita en fait partie. Le 21 mai 2025, le Trianon à Paris accueillera le chanteur malien pour un concert acoustique inédit, célébrant la sortie de son nouvel album So Kono, « la parole des oiseaux » en bambara. À 75 ans, l’artiste livre ici un retour aux sources à la fois épuré, spirituel et engagé, fidèle à son héritage mandingue.

Né à Djoliba au Mali, Salif Keita n’était pas destiné à devenir musicien. Albinos et issu d’une famille noble, il brisa les interdits sociaux en choisissant la voie artistique, considérée comme indigne de son rang. Cette double marginalité, de naissance et de vocation, a forgé un artiste déterminé à se faire entendre. Et il le fit : d’Abidjan à Paris, de Soro à Moffou, il construisit une œuvre profonde, enracinée dans les traditions, mais ouverte aux influences du monde.

Le concert du Trianon sera à l’image de cette traversée ; sobre, intense, habité. Loin des grandes machines scéniques, Salif Keita a souhaité une configuration acoustique, propice à l’écoute. Accompagné de musiciens fidèles à son style, balafon, guitare, kora, percussions légères, il revisite son répertoire avec une sensibilité renouvelée.

L’album So Kono, qu’il présentera en grande partie ce soir-là, s’inscrit dans la lignée de ses œuvres les plus intimes. Le titre évoque la sagesse du monde naturel, les messages que portent les oiseaux dans les mythologies africaines. Keita y chante la paix, l’exil, la mémoire. Il déploie une voix toujours aussi bouleversante, où chaque note semble contenir une histoire.

Des titres cultes comme Tekere, Africa, Folon, Yamore ou Seydou seront probablement au rendez-vous, dans des versions épurées, réorchestrées, habillées de silence autant que de mélodies. Mais Salif Keita n’est pas dans la nostalgie. Il regarde encore vers l’avant.

Au-delà de la musique, la présence de Salif Keita sur scène est toujours un geste politique. Depuis la création de sa fondation en 2005, il milite pour les droits des personnes atteintes d’albinisme, souvent victimes de discrimination ou de violences. Son combat, loin d’être périphérique, fait partie intégrante de son identité artistique. Chaque chanson est aussi un plaidoyer : pour la dignité, la beauté de la différence, le respect des vies.

La billetterie affiche déjà complet ou presque. De nombreux spectateurs feront le déplacement pour entendre, peut-être une dernière fois en France, cette voix d’or, cette conscience chantante. Car Salif Keita ne donne plus beaucoup de concerts. Ce rendez-vous parisien est un moment rare.

En s’asseyant dans la salle ce soir-là, on vivra une expérience. Celle d’un homme qui, depuis les marges, a conquis le monde par la seule force de sa voix. Celle d’un griot moderne.

Abdoulaye Kouyaté : guitares d’Afrique au cœur de Paris le 23 mai

Le 23 mai 2025, le guitariste et chanteur guinéen Abdoulaye Kouyaté se produira au Son de la Terre à Paris pour un dîner-concert autour de son projet Fefanyi. Un moment de virtuosité musicale et d’émotion ancrée dans les traditions mandingues.

Le 23 mai 2025 à 20h, l’atmosphère chaleureuse du restaurant culturel Le Son de la Terre, niché dans le 11e arrondissement parisien, accueillera l’un des musiciens les plus sensibles et virtuoses de la scène africaine actuelle, Abdoulaye Kouyaté. Ce dîner-concert intimiste autour de son projet Fefanyi, terme soussou qui signifie « fusion » ou « rencontre », est une invitation à redécouvrir la guitare africaine comme outil de narration, d’héritage et de poésie vivante.

Issu d’une lignée de griots guinéens, Abdoulaye Kouyaté a grandi dans un monde où la musique est langage, mémoire et transmission. Dès son plus jeune âge, il apprend les codes et les rythmes de la tradition mandingue, avant de se consacrer à la guitare, qu’il aborde avec une profondeur rarement égalée. En quelques années, il devient un musicien reconnu pour sa finesse d’interprétation, sa technique subtile et son sens aigu de l’émotion.

Avec Fefanyi, il propose un répertoire enraciné dans son identité africaine, mais ouvert aux dialogues avec d’autres esthétiques : jazz, soul, flamenco, blues. Cette fusion n’a rien d’artificiel. Elle naît d’un besoin vital de dire, de raconter, de relier les mondes.

Dans le cadre feutré du Son de la Terre, ce projet prend une dimension particulière. Loin des grandes scènes, c’est la proximité humaine qui prime. Le public est attablé, le regard au niveau de l’artiste, les plats africains circulent, les sons enveloppent. Le dîner-concert devient un moment suspendu, presque familial. Et c’est là qu’Abdoulaye Kouyaté déploie toute la richesse de sa musique.

Les compositions de Fefanyi alternent ballades méditatives, grooves chaleureux et envolées mélodiques. Dans Namory, il évoque la figure paternelle, musicien lui aussi. Dans Tika, il aborde les migrations et la douleur des frontières. Et dans le morceau éponyme Fefanyi, il célèbre la pluralité culturelle comme une force.

Sa voix grave agit comme un fil conducteur entre les langues, soussou, malinké, français, et les émotions. La guitare, elle, se fait tantôt harpe, tantôt souffle. Quelques percussions discrètes et des chœurs accompagnent certains morceaux, mais c’est le jeu d’Abdoulaye qui capte l’attention, entre maîtrise absolue et lâcher-prise inspiré.

Ce concert prend également place dans le cadre des célébrations culturelles autour de la Journée de l’Afrique. Abdoulaye Kouyaté rappelle qu’il existe d’autres formes d’expression, plus discrètes peut-être, mais tout aussi puissantes. Des formes qui misent sur l’intimité et la mémoire.

Ce 23 mai à Paris, c’est une Afrique introspective, raffinée, généreuse qui s’exprime. Une Afrique qui murmure ses douleurs, ses espoirs, et ses chants d’amour. Pour les amateurs de musique vivante, ce dîner-concert est une occasion rare. Il ne s’agit pas simplement d’écouter un artiste. Il s’agit de vivre, ensemble, un moment d’humanité musicale.

Lisabi, une fresque nigériane sur Netflix qui réveille les héros yorubas


Sorti en janvier 2025 sur Netflix, Lisabi: A Legend Is Born retrace la vie de Lisabi Agbongbo-Akala, chef de guerre des Egba au XVIIIe siècle. Une épopée historique portée par Lateef Adedimeji et réalisée en langue yoruba par Niyi Akinmolayan.

Lisabi: A Legend Is Born n’est pas seulement un film : c’est une déclaration de fierté culturelle, une relecture vibrante de l’histoire nigériane, et un acte de mémoire à l’ère du streaming global. Disponible sur Netflix depuis le 10 janvier 2025, ce long-métrage réalisé par Niyi Akinmolayan s’inscrit dans une dynamique de valorisation des récits africains autochtones, avec une ambition cinématographique digne des grandes fresques hollywoodiennes. Second volet d’une saga entamée en 2024 avec Lisabi: The Uprising, le film revient sur les origines du chef de guerre Lisabi Agbongbo-Akala, figure majeure de la résistance des Egba contre l’oppression de l’empire d’Oyo au XVIIIe siècle. Élevé dans la tradition agricole de son peuple, Lisabi devient au fil des épreuves un stratège hors pair, unificateur et combattant farouche de la liberté.

Là où tant de récits historiques sont traités du point de vue des puissances coloniales ou impériales, Lisabi: A Legend Is Born renverse la perspective. En tournant exclusivement en langue yoruba, le film affirme son enracinement et sa volonté de raconter l’histoire depuis l’intérieur. Il ne s’agit pas seulement de représenter des faits, mais de restituer une mémoire vivante, nourrie de chants, de gestes, de paysages et de codes culturels précis. Le réalisateur Niyi Akinmolayan, connu pour ses œuvres visuellement ambitieuses, s’entoure ici de Yinka Olaoye au scénario, et du soutien conjoint d’Al Notions Studios et d’Anthill Studios à la production. Le résultat : une œuvre dense, intense, à la fois fidèle à la tradition et accessible au spectateur contemporain.

Au cœur du récit se trouve la performance remarquable de Lateef Adedimeji, qui incarne Lisabi avec une présence scénique magnétique. Loin de tout héroïsme caricatural, son interprétation explore les doutes, les pertes, l’isolement mais aussi la conviction politique et l’intelligence tactique du personnage. À ses côtés, Adebimpe Oyebade, Odunlade Adekola et Muyiwa Ademola renforcent la cohérence de l’ensemble, dans une galerie de rôles secondaires soignés et vivants. La direction artistique, saluée par la critique, restitue avec minutie les villages, les armures, les étoffes et les scènes de guerre sans jamais céder au spectaculaire gratuit. L’attention au détail — du maquillage aux armes forgées, des décors en terre battue aux emblèmes de commandement — ancre le film dans une esthétique de la précision historique et du respect symbolique.

Cette exigence a été récompensée puisque le film a remporté trois distinctions aux Africa Magic Viewers’ Choice Awards 2025, Meilleur film en langue indigène (Afrique de l’Ouest), Meilleure direction artistique et Meilleur maquillage, confirmant sa réception positive auprès du public comme de la profession. Ce succès tient aussi à sa capacité à conjuguer un récit d’émancipation collective à une forme cinématographique exigeante, apte à séduire au-delà des frontières linguistiques. Sous-titré en plusieurs langues, Lisabi: A Legend Is Born parle au monde entier tout en restant fidèle à sa source.

Dans un paysage dominé par les productions anglo-saxonnes, ce film nigérian disponible sur Netflix vient rappeler avec force que les histoires africaines méritent d’être racontées avec leurs propres langues, leurs propres mythes, leurs propres héros. Et qu’en les écoutant vraiment, ce sont nos représentations du courage, de la liberté et de l’héritage que nous pouvons renouveler.