« L’Algérie, mon beau pays »

07/12/2024 – La redaction de Mondafrique

L’ouvrage du Dr. Arezki Ighemat intitulé « L’Exil » raconte l’histoire d’Alamy, un intellectuel algérien ayant émigré aux Etats-Unis au beau milieu des années 90, Paris « cette décennie Noire » (Black Decade) ou alors « Sale Guerre » (Dirty War) qui a laissé le peuple algérien fracassé.

Le livre est dédié à tous les intellectuels qui, comme Alamy, ont quitté leur pays natal adoré, l’Algérie, pour échapper à la violence qui sévissait contre eux et contre la population algérienne en général suite à l’affrontement entre les forces armées algériennes, d’un côté, et les groupes armés islamistes affiliés au FIS, Front Islamique du Salut, de l’autre côté. Le livre s’ouvre par la fameuse chanson/poésie de Slimane Azem, le chantre de la chanson Kabyle et algérienne, intitulée « L’Algérie, mon beau pays » dont il est bon de rappeler ici le refrain :

L’Algérie, mon beau pays
Je t’aimerais jusqu’à la mort
Loin de toi, moi je vieillis
Rien n’empêche que je t’adore
Avec tes sites ensoleillés
Tes montagnes et tes décors
Jamais je ne t’oublierai
Quel que soit mon triste sort ».

L’ouvrage est construit selon un modèle binaire où l’autobiographie se mêle à l’histoire de l’Algérie depuis l’indépendance et même avant.Dans le premier chapitre, l’auteur raconte les années-bonheur et de paix et de stabilité qu’Alamy a vécues dans les premières années qui suivirent l’indépendance du pays et qui correspondaient à l’ère Ben Bella et Boumediene. Cette période est, en effet, considérée par plusieurs analystes politiques et économiques comme une des plus stables de l’histoire algérienne après l’indépendance. L’auteur dira que vers la fin de la période (1978), correspondant à la mort du président Boumediene, cette relative stabilité avait commencé à être remise en question après l’essoufflement du modèle économique et politique choisis. La conséquence fut notamment la révolte appelée « Printemps Berbère » de 1980.

Le second chapitre décrit les conditions dans lesquelles Alamy fit son premier voyage au pays de l’Oncle Sam au cours de l’année 1983/84 dans le cadre du programme appelé « Humphrey Fellowship Program ». Cette année lui a permis de connaître ce pays-continent et la culture américaine. A la fin de ce programme, l’université où il avait été affecté lui avait offert un poste de professeur-assistant en français et littérature francophone. Après une longue réflexion, Alamy a refusé cette offre, considérant que son pays, l’Algérie, avait besoin de ses compétences, notamment dans cette première phase de développement. Quatre années après le retour d’Alamy au pays natal, le 5 Octobre 1988 exactement, une autre crise populaire de grande envergure avait frappé l’Algérie. C’est ce qui a été appelé « Octobre Noir ». Cette crise a poussé le gouvernement  Chadli Bendjedid à entreprendre des réformes économiques et politiques qui avaient ouvert le pays aux plans intérieur et extérieur, mais cette ouverture n’avait malheureusement duré qu’une courte période.

Le chapitre 3 porte le titre « Les années 1990 : Genèse, ascendance et déchéance du mouvement islamiste ». Alamy raconte ici la genèse du mouvement islamiste algérien et les défis que celui-ci avait lancés contre les autorités gouvernantes du pays. Cette période est celle du succès du FIS aux élections communales de 1991 et législatives de 1992. Ce succès ne dura lui-même que peu de temps puisque la même année (1992), les autorités au pouvoir avaient pris la décision de mettre fin à l’ascension du FIS en arrêtant le processus électoral et en emprisonnant les leaders du mouvement, Abbas Madani et Ali Belhadj.

Le chapitre 4, intitulé « Les années 1990-2002 : L’attaque contre la société civile et contre l’intelligence »,

raconte comment l’Algérie est entrée dans une phase de violence jamais égalée dans son histoire (à l’exception, bien sûr, de celle ayant eu lieu pendant la guerre de libération nationale). Les attaques étaient menées contre la population civile en général et contre les intellectuels en particulier. C’est précisément dans ce contexte qu’Alamy avait décidé, après plusieurs mois d’hésitation—partir ou ne pas partir—à quitter le pays pour émigrer aux Etats-Unis.                 

Dans le chapitre 5, l’auteur raconte les conditions dans lesquelles Alamy a quitté l’Algérie. Il raconte aussi les conditions de son installation dans son pays d’accueil, les Etats-Unis. Il raconte pourquoi Alamy n’est pas parti en France comme la majorité des Algériens qui émigrent. Il parle des premiers « jobs » qu’il a eus, qui étaient très éloignés de son profil académique et professionnel et comment, progressivement, il a trouvé un emploi dans son domaine de spécialisation. Il parle aussi des années qu’Alamy a passées au Ghana (en Afrique de l’Ouest).

Le chapitre 6 et dernier du livre est consacré à la situation et aux perspectives dans le pays natal d’Alamy (l’Algérie) et son pays d’accueil (les Etats-Unis). Dans ce chapitre, Alamy parle des années Bouteflika et des lois adoptées pour mettre fin à la violence des années 90 ; des « Hiraks » (1)et (2) de 2019 et 2021, de l’épidémie du Covid-19 et de ses conséquences sur ce dernier mouvement. Il parle aussi de son pays d’accueil qui, lui aussi, est en plein bouleversement suite aux élections du 5 novembre 2024 au cours desquelles le président Trump a été élu pour une deuxième fois après son échec en 2020. Enfin, ce chapitre se termine par un aperçu de la situation et des perspectives dans le monde, marquées par la guerre en Ukraine, la résurgence du conflit Israélo-Palestinien, la guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine, etc.