Krim Belkacem, l’homme clé de l’Indépendance algérienne

06/07/2024 – La redaction de Mondafrique

Alors que l’Algérie célébrait, le vendredi 5 juillet, l’anniversaire de son indépendance, Lyazid BENHAMI, Coordonnateur du centenaire de Krim Belkacem (en costume clair sur la photo de la délégation algérienne à Evian en 1962 ci dessus), rappelle le rôle décisif joué par ce dernier durant la guerre d’Algérie et lors des accords d’Evian. 

Maquisard dès 1947 et membre de l’équipe des Six Historiques qui ont déclenché la Révolution algérienne, Krim Belkacem a occupé diverses fonctions, dont celles de Vice-Président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) et de ministre de l’Intérieur. Il a aussi mis fin à sept années de guerre opposant l’Algérie et la France et par là-même, à 132 années de colonisation, en signant les Accords d’Evian. Ainsi donc, Krim Belkacem n’est pas seulement un homme de guerre, mais aussi et surtout un homme de la paix et de la réconciliation. 

L’Union Sacrée 

Krim Belkacem n’aura pas, en effet, cessé, tout au long de sa vie, de réconcilier les Algériens entre eux. Ayant pour seul objectif l’indépendance de l’Algérie, il a tout fait pour réaliser l’union nationale et établir la convergence des forces nationales contre la France coloniale.

Cet homme clé de l’Indépendance algérienne unifie et mobilise la Kabylie dans le combat libérateur. Il sera sévère avec les forces qui essayaient de s’éloigner de cet objectif. Son parcours et ses réalisations, en tant que combattant pour la libération et en tant que constructeur de la paix sont un sujet qui mérite que les historiens explorent. 

Pour construire cette paix, il a fallu plusieurs mois de conversations et de négociations, dans le secret, entre les délégués du côté français et du côté algérien. Si Krim Belkacem avait été choisi pour diriger la délégation algérienne pour mener les pourparlers, c’est parce qu’il était l’une voire la seule figure du FLN en capacité et avec une grande expérience dans cette guerre, qu’il avait entamée depuis quinze années. Il avait une force de négociation particulière face aux négociateurs chevronnés du Général de Gaulle. Ce dernier avait tout fait pour maitriser et orienter ce processus légitime, notamment avec sa « Paix des Braves » le 23 octobre 1958, puis plus tard en essayant d’intégrer les Messalistes du MNA dans la négociation face au FLN.

Le faiseur de paix

Ces tentatives avaient toutes échoué grâce à la ténacité de Krim Belkacem et de ses collègues. D’autres tentatives pour dérouter ce processus de construction de la paix avaient eu lieu, comme l’assassinat par l’Organisation de l’Armée Secrète, l’OAS, le 31 mars 1961 de Camille Blanc, le maire de la ville d’Evian. Krim Belkacem sera bien présent à Evian malgré tous les risques encourus !

Pour réaliser son objectif de rétablissement de la paix, Krim Belkacem a dû convaincre les membres du FLN que c’est la seule issue possible au conflit. Il a dû aussi rassurer les Européens d’Algérie qu’ils pourraient avoir une place dans la nouvelle Algérie et qu’ils auraient le choix entre être citoyens algériens ou avoir le statut d’étrangers. Après la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962, l’OAS sema la terreur en refusant d’appliquer ces accords, perpétrant des attentats multiples à Alger. Krim Belkacem fut le premier chef historique à flouer le 11 juin 1962 la terre algérienne pour faire cesser les attentats, l’effusion de sang et résoudre le problème avec l’OAS. C’est ainsi qu’il rencontra sans tarder le leader de l’OAS, Jean Jacques Susini, en juin1962.

L’importance de la mémoire.

Aujourd’hui au soixante deuxième anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie le temps est venu pour les générations actuelles et futures de poursuivre  » l’esprit  » et les idéaux de Krim Belkacem. Celui de la liberté, de l’ouverture, de la modernité et enfin de la réconciliation. Cela impose également de construire une mémoire du récit national, ainsi qu’une mémoire commune franco-algérienne basée sur la vérité historique, avec ce qu’elles ont de positif et de négatif. La réconciliation des mémoires s’impose à tous. Autant dire que les historiens ont ici un défi important à relever.