À deux semaines de la Présidentielle du 28 décembre 2025, la République centrafricaine court vers un simulacre électoral où le pouvoir en place orchestre le chaos pour s’accrocher au pouvoir, tandis que la communauté internationale ferme les yeux sur ces irrégularités flagrantes.
La rédaction de Mondafrique
L’Autorité Nationale des Élections (ANE), aux ordres du régime, a chamboulé cinq fois le calendrier depuis l’enrôlement raté de décembre 2024, publiant en juillet des listes provisoires bidons recensant 2 millions d’électeurs malgré 717 centres fantômes manquants dans les données officielles. Ces lacunes touchent précisément les zones rurales et périphériques, où les routes défoncées – parmi les pires d’Afrique – et la dépendance totale aux hélicoptères de la MINUSCA pour acheminer urnes, kits biométriques et bulletins masquent un sabotage délibéré, excluant systématiquement déplacés internes et populations sous contrôle armé pour gonfler les chances de Touadéra. Le personnel électoral, formé à la va-vite et en nombre insuffisant, distribue les cartes d’électeurs au compte-gouttes, confirmant un chaos qui n’a rien d’accidentel.
Des financements détournés
La pénurie chronique d’argent n’est qu’un prétexte : les fonds alloués ont été pillés ou mal gérés, forçant l’Assemblée nationale – désormais largement dominée par le clan au pouvoir – à voter en mai une dérogation anticonstitutionnelle au code électoral pour “rattraper” des mois de retard, une mesure qui viole ouvertement les délais légaux.
Les pannes d’électricité récurrentes, paralysant les centres d’enregistrement et gonflant les coûts logistiques de 30-50% selon des estimations internes, ont aggravé l’incapacité de l’ANE à intégrer les données biométriques de tous les centres, laissant des listes peu fiables truffées d’erreurs et de doublons. Pendant ce temps, l’ONU et les partenaires financiers regardent ailleurs, validant ce hold-up budgétaire par leur silence.
Une insécurité instrumentalisée
Hors de Bangui, qui concentre 40% des bureaux de vote, la tenue des élections relève d’un pari suicidaire : la recrudescence des violences par des coalitions pro-Touadéra et groupes armés instrumentalisés par le régime en place menace directement 60% des sites, avec des attaques récentes sur des convois logistiques rapportées par la MINUSCA. Cette force onusienne alerte en vain sur un “risque de dérapage majeur” sans renforcement immédiat des troupes, tandis que le régime refuse de déployer l’armée nationale dans les zones contestées. Le BRDC, coalition d’opposition, dénonce à juste titre un chronogramme illégal et biaisé, mais Paris, Washington et l’Union africaine ferment les yeux, protégeant un président au troisième mandat contesté par une confiance institutionnelle au plus bas.
Ces listes incomplètes signeront une abstention forcée de 20-30% des électeurs potentiels – soit 400 000 à 600 000 voix –, les 717 centres absents concernent majoritairement des zones rurales ou coalisées, où survivent des populations marginalisées. Human Rights Watch documente précisément comment des centaines de milliers de jeunes, déplacés internes (plus de 700 000 au total) et ruraux risquent d’être rayés des urnes, privant l’opposition de ses bastions naturels et légitimant une victoire taillée sur mesure. Ce hold-up démocratique, ignoré par la communauté internationale malgré les alertes répétées, enterre tout espoir d’alternance démocratique et nourrit le terreau de la contestation pour les années à venir.
