L’état de santé réel du Président Biya (91 ans), un secret d’État !

Rédigé le 19/10/2024
La rédaction de Mondafrique

L’absence du président du Cameroun depuis le début septembre continue d’alimenter les rumeurs les plus alarmistes sur son état de santé. Une interdiction de tout « débat sur l’état du président », décidée par une circulaire surréaliste du gouvernement camerounais, n’a pu qu’aggraver les rumeurs. « Le Président se porte à merveille », a déclaré au Monde un membre de l’entourage présidentiel. On n’est pas obligé de le croire.

Lorsque, le 8 octobre, une obscure chaîne de télévision online, basée à Houston au Texas et animée par des sécessionnistes camerounais anglophones, a annoncé le décès du président Paul Biya, la fake news s’est répandue comme une traînée de poudre. Si le climat de fin de règne au Cameroun n’est pas nouveau, ies rumeurs les plus pessimistes circulent désormais sur l’état de santé du président Paul Biya. Sa double absence à l’Assemblée générale des Nations Unies fin septembre et au sommet de la Francophonie à Villers Cotterêts (France) les 4 et 5 octobre   a été interprétée comme autant de signes d’une grave détérioration de sa situation. Sa dernière apparition date du sommet Chine)-Afrique début septembre à Pékin où il avait été victime d’un malaise. 

La rumeur d’un Bitya mourant, lancée par un média appartenant à un Camerounais vivant aux États-Unis, n’a cessé de croître, alimentée notamment par les internautes.

Une simple « fatigue »

Paul Biya se trouve, selon la version officielle, à Genève en Suisse. Le Sphinx d’Etoudi, comme on le sunomme,  a l’habitude de passer de longs mois, notamment à l’hôtel Intercontinental de Genève. Le 8 octobre 2024, un communiqué du gouvernement camerounais a indiqué que « le chef de l’État se porte bien et rejoindra le Cameroun dans les tous prochains jours ».

Le lendemain, le ministre de l’Administration territoriale a formellement interdit « tout débat sur l’état du président de la République » et menacé que « les contrevenants devront faire face à la rigueur de la loi ». Tout comme, depuis toujours, toute allusion à sa succession, après quarante deux années de pouvoir. Des cellules de veille ont été créées dans toutes  les Préfectures.

Des informations crédibles émanant du premier cercle du pouvoir admettent que le président, âgé de 92 ans, a eu une « fatigue » et se repose à Genève.

L’interdiction de tout débat dans les médias camerounais concernant la santé de Paul Biya a manifestement produit l’effet inverse dans l’opinion publique, amplifiant les rumeurs. 

Des gardes du corps violents

Pour gâcher les séjours de Paul Biya et de son épouse sur les bords du lac Léman, ses opposants vivant Europe ont pris l’habitude de manifester en masse devant son palace préféré, l’Intercontinental de Genève, où, depuis des années, le président camerounais occupe un étage entier. En juin 2019, ses gardes du corps ne s’en sont pas pris seulement à des Camerounais, mais aussi un journaliste de la Radio-Télévision Suisse (RTS), venu filmer la manifestation. Non seulement, six agents ont attaqué physiquement le rédacteur, mais celui-ci s’est retrouvé dépouillé . En fait, on s’en est pris à lui « car il filmait et que ces images constituaient des preuves de leur manière de réprimer les manifestants », analyse la justice suisse en 2022.      

Les gardes du corps se prévalaient d’une immunité diplomatique, que le tribunal a écarté. Aux yeux d’Olivier Jornot, le procureur général de Genève, « des représentants d’un État étranger se sont permis de faire la chasse à un journaliste qui ne représentait aucun danger, mais également à des opposants ». Ils se sont comportés comme « un État dans l’État ». Le pire, c’est que ce jour-là, Paul Biya, loin d’être en danger, n’était même pas sur place au moment des faits.

Un Président qui ne préside pas 

Ses absences de la scène publique ne datent pas d’aujourd’ui. En 1964, le Président camerounais avait été donné pour mort. »Le fantome vous salue bien », avait déclaré Paul Biya à sa descente d’avion en revenant de Genève. La preuve la plus évidente de la difficulté de Biya à continuer à exercer son magistère a été apportée par la scène filmée en décembre 2022 à Washington, lors du dernier sommet Etats-Unis/Afrique. On voit alors sur des images le président camerounais traversé par de longs moments de vide, comme si la mémoire lui faisait défaut, demandant même là où il se trouve ? Qui sont ceux qui sont dans la salle ? Que doit-il faire ?  

Lorsqu’il vit au Cameroun, Biya réside dans son village natal mais quasiment jamais à Yaoundé. Le Président camerounais ne tient plus de conseils des ministres et ne reçoit que quelques collaborateurs triés sur le volet. Seuls quelques rares officiels étrangers, de très haut rang, de passage dans la capitale camerounaise, peuvent décrocher une entrevue avec le patriarche.  

 Le chef de l’Etat camerounais ne se rend presque jamais aux Sommets de l’Union africaine, encore moins aux conférences régionales des chefs d’Etats de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) ou de la Communauté économique d’Afrique centrale (CEAC).

Vers une vacance du pouvoir

Maitre Tamfu Richard, avocat aux barreaux du Cameroun et du Nigéria, vient de saisir le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, pour qu’il sollicite le Conseil constitutionnel en vue de constater la vacance du pouvoir à la présidence de la République. Une démarche inédite motivée par l’absence prolongée du chef de l’État, Paul Biya, de la scène publique.

Tamfu Richard fonde sa requête sur l’article 38 de la loi de 2004 régissant le fonctionnement du Conseil constitutionnel, qui stipule que seul le président de l’Assemblée nationale peut saisir cette instance en cas de vacance à la présidence de la République. L’avocat argue que l’absence prolongée et inexpliquée de Paul Biya constitue une démission tacite. En effet, selon l’article 18) de la Constitution, le siège des institutions, y compris celui du président, doit être à Yaoundé. Or Paul Biya a quitté le Cameroun le 2 septembre dernier et n’y est plus revenu.