On l’a annoncé malade, en retrait dans sa ville natale Seriana, près de Batna, l’affaire de l’ancien homme fort du pouvoir algérien le général Khaled NEZZAR continue à défier la chronique avec la justice Helvétique. C’est par décision du 28 août que le Ministère public de la confédération (MPC) renvoie l’ancien homme fort d’Alger des années 90 devant un tribunal pénal fédéral (TPF). Il est accusé de torture, de détention et condamnation arbitraire et exécutions extrajudiciaires.
C’est l’ONG, organisation non gouvernementale, TRIA international qui agit en premier en 2011 pour l’ouverture d’une procédure pénale à l’encontre du général Nezzar résidant en suisse pour atteinte des droits humains lors qu’il était membre du Haut comité de l’Etat et ministre de la défense au début des années 90.
On croyait l’affaire classée en 2017 lorsque le MPC déclarait que la guerre civile algérienne ne constituait pas un conflit armé en forme de guerre au sens de l’interprétation juridique suisse. De ce fait, la fédération Helvétique ne peut exercer le principe de la compétence universelle. Or, la cour des plaintes a jugé la violence exercée était d’une haute intensité qui redéfinit la notion du conflit armée. C’est sur cette base que le MPC a repris la procédure pénale en auditionnant 24 personnes en plus des plaignants.
« Les limites du tolérable »
La relance de l’affaire le 28 août 12023, après son classement en 2017 par le procureur général, met le système algérien sur la défensive. L’événement passe successivement d’une chronique judiciaire à une affaire diplomatique. La communication téléphonique, le 31 août, entre les deux ministres des affaires étrangères algérien et suisse, Ahmed Attaf et Ignacio Cassis, n’a pas apaisé les esprits. Le communiqué du chef de la diplomatie algérienne était plus ferme. « Lecture révisionniste » de la douloureuse période de la « décennie noire » en accordant « avec beaucoup de légèreté une tribune aux terroristes, à leurs alliés et à leurs soutiens pour tenter de discréditer le combat honorable du pays contre le terrorisme, de jeter l’opprobre sur ceux qui lui ont fait face et de souiller la mémoire de ceux qui sont tombés en lui résistant » poursuit le communiqué.
Si le ministre de la fédération helvétiques évoque l’indépendance de la justice de son pays, son homologue algérien, lui, branditl e principe du respect envers un état souverain et indépendant. Deux positions opposées auxquelles il serait difficile de trouver un point d’équilibre. Il faut noter que l’affaire est sensible, elle peut devenir une menace si elle aboutit à une condamnation. Ce qui explique les menaces du chef de la diplomatie algérienne : « Cette affaire a atteint les limites du tolérable… Le gouvernement algérien est déterminé à en tirer toutes les conséquences, y compris celles qui sont loin d’être souhaitables pour l’avenir des relations algéro-suisses ».
Le silence du général Nezzar
Retiré depuis son exil forcé de 18 mois en Espagne après avoir été condamné à 20 ans de réclusion criminelle suivi d’un mandat d’arrêt international prononcé par la justice militaire de Blida pour « complot », « atteinte à l’ordre public », le général Nezzar mène une vie très discrète. Loin des médias, il n’a exprimé aucune déclaration même sur son journal électronique « Algérie patriotique » dirigé par son fils Lotfi. Il est vrai que son retour au pays dans un avion présidentiel marque aussi le retour des anciens des sérails de l’État Profond aux manettes du pouvoir sécuritaire. Les généraux Mohamed Mediene alias Toufik, Djebbar Mehenna, Hassan sont libérés des prisons après avoir étaient condamnés Leurs hommes de main, les généraux Abdelhamid Hocine alias Boulahya, Abdelkader Heddad alias Nacer El Djen, en fuite en Espagne, reviennent au pays pour retrouver des postes sécuritaires importants.
La nouvelle configuration du système actuel ne plaide pas en leur faveur. Ils sont en composition avec l’état-major dirigé par le chef de l’armée Said Chengriha qui tient l’institution d’une main de fer. Aussi, le contexte n’est pas propice pour les anciens de l’état profond en alliance conjoncturelle imposée par le contexte plus que par l’intérêt.