L’Union Africaine bien peu efficace, mais très convoitée 

15/11/2024 – La rédaction de Mondafrique

Le mandat de  Moussa Faki, actuel président de la Commission de l’Union africaine, arrive à son terme en février. Quatre candidats sont en lice pour lui succéder mais seuls deux prétendants, le Djiboutien et le Kenyan, ont de véritables chances de l’emporter.

La presse tchadienne avait reproduit un document prouvant que le Président de la Commission de l’Union africaine, le tchadien Moussa Faki a reçu des fonds de feu Idriss Déby. Une nouvelle non-dementie par l’intéressé et peu reprise dans la presse francophone, mais qui alaissé des traces sur son parcours au sein de l’Union Africaine très déjà très contesté.

Après deux mandats, soit huit années passées à la tête de la Commission de l’UA, le Tchadien, Moussa Faki qui rève surtout à la présidence du Tchad, s’apprête à rendre son tablier africain. Depuis quelques mois déjà, les Etats comme les personnalités manœuvrent en coulisses pour le remplacer à ce poste si convoité et d’ont l’utilité pourtant est très contestée.

C’est un journaliste indien Ansh Pandey qui porte le fer là où cela fait mal en passant en revue tous les échecs de cette organisation : « L’élimination de la pauvreté, la promotion de la croissance et l’intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale faisaient partie de ses objectifs. Malheureusement, rien de tout cela ne s’est encore produit, cela semble plutôt être un rêve lointain. » Aucun des mécanismes, mis en place : le Conseil économique, social et culturel, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, la Force africaine en attente ne fonctionne véritablement.

Un clone d’une bureaucratie européenne

En bref, pour Ansh Pandey, l’UA est « un tigre sans dent » elle est inefficace et n’a résolu aucun des problèmes pour lesquels elle a été créée et s’est retrouvée embourbée en imitant les structures et la bureaucratie européenne. Depuis la mort de Muammar Kadhafi et la fin de son rêve des Etats-Unis d’Afrique, l’UA s’est embourbée en tentant d’imiter la bureaucratie européenne. Et le journaliste indien de déplorer encore le manque d’indépendance financière, la désunion interne et l’absence d’une politique de défense des intérêts du Continent.

Quatre pays ont présenté un candidat, l’Ile Maurice avec Anil Kumarsingh Gayan ; Madagascar avec Richard Randriamandrato ; le Kenya avec Raila Odinga et enfin Djibouti avec Mahamoud Ali Youssouf.  Si les jeux ne sont jamais faits à l’avance, l’arrivée tardive du Malgache dans la course et le peu de poids de l’ile Maurice sur le continent laissent peu de chances aux deux premières personnalités. Le match se joue donc entre Odinga et Youssouf.

Le Kenya outsider

Sur le papier le Kenya semble le plus à même de l’emporter. Son Président William Ruto met tout son poids dans la balance pour faire la campagne de son opposant Raila Odinga. Si ce dernier occupait le siège de l’UA à Addis Abeba, il n’aurait plus de capacité de nuisance sur la scène politique nationale. Dès lors à chaque voyage diplomatique, Nairobi vend la candidature de son « poulain » qui disposerait déjà selon Africa confidential de 25 voix sur 48. – Après la série de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest et au Soudan, sept Etats ont été suspendus de l’organisation africaine et ne peuvent donc pas voter. – Mais les choses sont moins simples qu’elles ne paraissent, hormis le poids de son pays, Raila Odinga n’a pas beaucoup de cartes en main. Son âge d’abord, il aura 80 ans en janvier, son manque d’expérience, il a toujours raté la marche du pouvoir et sa réputation d’affairiste qui peut rebuter certains Etats.

Son challenger, Mahamoud Ali Youssouf a lui quelques atouts dans la manche. Il a 20 ans de moins et est un diplomate chevronné, ancien ambassadeur, puis ministre des Affaires étrangères, un poste qu’il occupe depuis 2005. L’homme a en plus l’avantage d’être parfaitement trilingue, français, anglais, arabe, les trois langues parlées sur le continent. Il pourrait séduire ainsi les pays francophones et arabophones. Conscient de son retard sur son concurrent et du moindre poids que pèse Djibouti sur le continent, Mahamoud Ali Youssouf a fait appel au Tony Blair Institute pour l’aider à peaufiner sa stratégie.

La campagne de lobbying tous azimuts bat son plein dans chaque camp et les jeux sont ouverts.