Stéphane Agbré plus connu sous le pseudonyme « Apoutchou national » est un activiste des réseaux qui pousse l’extravagance à étaler ses avoirs et à se montrer généreux. Épinglé par la police économique, il risque cinq années de prison
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
L’activiste Stéphane Agbré dit « Apoutchou national » dont on ne connaît pas la provenance des revenus est tombé dans les filets de la police économique en exhibant un sac de voyage contenant des liasses d’argent.
La procureure du pôle économique, Claude Michèle Kamagaté, a publié un communiqué ce mercredi 13 novembre dans lequel elle explique que trois personnes dont M. Agbré et deux de ses acolytes, notamment Fofana Abdoulaye et Akobé Léonel alias Leonel PCS ont été interpellés à la suite de la diffusion d’un élément vidéo sur les réseaux sociaux. On y voit Stéphane Agbré, dit « Apoutchou national » , remuer violemment un sac de voyage avant de déverser sur le sol son contenu de liasses de billets de banque.
Au terme de l’audition, les trois jeunes hommes sont détenus depuis mardi 12 novembre dans les locaux de la police économique. Les faits qui les accablent sont passibles de la loi sur le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Cette loi a été prise l’année dernière et donne autorité au Pôle économique et financier d’enquêter sur tous mouvements de fonds suspects.
Places fortes de blanchiment de capitaux
Lors de l’audition, Stéphane Agbré a affirmé que l’argent appartient à Léonel PCS, bookmaker et amateur de paris sportifs. Ce dernier aurait en vue l’achat d’une nouvelle voiture et pour des raisons qui paraissent pour le moment floues, lui aurait confié ce sac avec tout son contenu que l’activiste, pour faire envie, aurait exhibé sur les réseaux sociaux.
La Direction de l’informatique et des traces technologiques de la police économique tente à présent de remonter l’origine du pactole. La police pourrait aussi faire des perquisitions au domicile des suspects pour obtenir des saisies d’éléments numériques ou simplement dans le but d’approfondir ses recherches.
Si les autorités ivoiriennes d’ordinaire laxistes sur cette question n’ont pas hésité de réagir, c’est parce que le 25 octobre dernier, le Groupe d’action financière (Gafi) a produit un rapport qui place la Côte d’Ivoire à la deuxième place des pays représentant les places fortes du blanchiment de capitaux en Afrique.
Ce rapport qui a été abondamment commenté a fait grand bruit aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au-delà. La Côte d’Ivoire est en effet un vaste océan d’affaires non résolues de ce genre.L’une d’elles portait sur un financement douteux 130 milliards de FCFA, 200 millions d’euros qui ont transité par divers circuits opaques impliquant des banques. En revanche, son origine n’a jamais été clairement établie et l’affaire n’a jamais connu de dénouement.
Une autre impliquant le député-maire de Kolia, Touré Alpha Yaya, cadre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir, portait sur une somme de 500 milliards de francs CFA destinés à financer un projet immobilier à Abidjan et dans d’autres grandes villes de la Côte d’Ivoire. Ce projet n’a jamais vu le jour. Le député avait alors défendu cette initiative comme une opportunité pour la jeunesse ivoirienne, mais sans jamais clarifier l’origine desdits fonds.
Les trois suspects encourent cinq ans d’emprisonnement et plus de 246.000.000 de francs CFA, soit 375.000 euros d’amende s’ils sont reconnus coupables.