Gaïd Salah revendique un « dialogue national » … sans dialogue

01/08/2019 – Nicolas Beau

L’armée algérienne, par la voix de son chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, a rejeté mardi les conditions posées au pouvoir par la nouvelle « Instance nationale de dialogue » chargée de mener des consultations sur la future élection présidentielle.

« Il n’est plus question de perdre davantage de temps », a estimé le général Ahmed Gaïd Salah, dans un discours prononcé lors d’une cérémonie et retransmis à la télévision. Il a fustigé « la méthode imposant des préalables allant jusqu’aux diktats. De telles méthodes et thèses sont catégoriquement rejetées. »

Composée de plusieurs « personnalités nationales », l’instance de dialogue a été chargée par le président par intérim Abdelkader Bensalah de mener des consultations sur les modalités de la future élection présidentielle devant élire le successeur d’Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril après vingt ans au pouvoir.


Déjà décriée et jugée non légitime par le hirak, le mouvement de contestation inédit qui agite l’Algérie depuis plus de cinq mois, l’instance a assuré avoir réclamé des mesures d’apaisement avant tout dialogue, parmi lesquelles la libération des personnes arrêtées en lien avec la contestation.

Elle a aussi exigé entre autres l’allègement du dispositif policier lors des manifestations, particulièrement les barrages aux entrées d’Alger qui ralentissent ou empêchent chaque vendredi l’accès aux marches.

« Des idées empoisonnées »


Le président par intérim, Abdelkader Bensalah avait fait part de « sa disponibilité » à « œuvrer » pour « étudier » ou « envisager » les mesures réclamées. Mais mardi, le général Gaïd Salah a dénoncé les « idées empoisonnées, notamment l’appel à la libération des détenus qualifiés à tort de prisonniers d’opinion ».

« Seule la justice est souveraine de la décision, conformément à la loi, concernant ces individus » et « il n’est permis à quiconque d’interférer dans son travail et ses prérogatives ou tenter d’influer sur ses décisions », a martelé le chef d’état-major, véritable homme fort du pays depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika.