Algérie, le possible scénario d’un report des élections présidentielles

03/03/2019 – Nicolas Beau

Dans l’hypothèse où le président Bouteflika ne déposerait pas sa candidature le dimanche 3 mars, le scénario qui semble le plus plausible serait un report des élections

Qui gouverne l’Algérie ces dernières heures après la très forte mobilisation populaire de vendredi? « Personne ne sait, explique un diplomate, même pas ceux qui sont au pouvoir à Alger ».

Le seul qui pourrait avoir encore la situation en mains, par défaut, reste le chef des armées, Gaïd Salah. Lequel participait, samedi en fin de journée, révélait le site Algérie Part, à une réunion au sommet avec le patron des services secrets, Bachir Tartag, le conseiller et frère du Président Saïd Bouteflika, le président du Conseil Constitutionnel, Tayeb Belaïz, le Président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah. L’objet de la réunion est déterminer si les élections auraient lieu à la date prévue du 18 avril.

Gaïd Salah, pape de transition?

Ces dernières semaines, le patron de l’armée s’en était tenu à un soutien loyal du Président Bouteflika, y compris dans la volonté que ce dernier manifestait de se représenter. Or si le cinquième mandat n’était plus d’actualité, la situation changerait du tout au tout. Gaïd Salah retrouverait toute ses marges de manoeuvre pour organiser la transition à venir. A sa façon.

Depuis des mois après tout, le chef d’état -major s’est préparé à jouer le pape de transition dans l’hypothèse d’une disparition de Bouteflika. Il a éliminé ou neutralisé ses adversaires, un par un, au sein de l’institution militaire.

Le clan Bouteflika sous pression

Le clan présidentiel autour de Said Bouteflika, le frère du Président, apparait en tout cas sous pression. La diffusion d’un enregistrement téléphonique accablant entre les amis du pouvoir, le patron des patrons Ali Haddad et le directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal, aura été un scud bien ajusté qui semblerait provenir d’un service de renseignement proche de l’Etat Major.

Depuis, Ali Haddad a été convoqué officiellement la semaine passée par les services de sécurité qui lui ont saisi ses deux téléphones. L’homme d’affaires a été interrogé à propos de cet enregistrement où il est question de faire appel à la gendarmerie d’affronter brutalement les manifestants. Quant à Abdelmalek Sellal, il a été démis de ses fonctions de directeur de campagne.

Les sources à l’origine de la fuite possèderaient, indiquent certains à Alger, d’autres enregistrements compromettants pour les amis du clan Bouteflika

Dans les coulisses du pouvoir algérien, les couteaux sont sortis.