Les émigrés africains au Liban, majoritairement employés de maison, sont sous le feu, comme tout les Libanais, des bombardements israéliens. Cependant, ils sont abandonnés par tous : leurs employeurs qui ont fui, la grande majorité de leurs gouvernements respectifs.
« On a la peur dans le dos » explique à Mondafrique, Viany De Manceau, une militante camerounaise de l’association Reman qui tente de venir en aide aux plus de 20 000 migrants africains vivants au Liban. Pour aller faire des distributions d’aide à des réfugiés, elle et ses amis sont obligés de traverser les zones bombardées. Depuis, les premières frappes israéliennes du 23 septembre, plus d’un 1,2 millions de Libanais ont fui. En vingt jours, c’est donc plus de 20% de la population qui a quitté le pays. 300 000 citoyens du pays du Cèdre se sont exilés en Syrie avant que Tsahal ne bombarde le seul point de passage. Les autres se sont envolés, majoritairement pour l’Afrique, avec MEA, la dernière compagnie aérienne qui dessert Beyrouth et qui prise d’assaut en a profité pour tripler ses tarifs.
Quant aux migrants africains, ils sont dans l’impossibilité de partir en raison du prix des vols et souvent de l’absence de documents, leurs employeurs ayant confisqués leur passeport. Viany de Manceau raconte des histoires consternantes à ce sujet, comme celle de ces patrons qui n’ont même pas informé leurs domestiques de leur départ et les ont laissé seuls sous les bombardements, sans argent, sans nourriture et sans document d’identité. « La nuit, beaucoup de migrants dorment dans les rues de Beyrouth. Plus on fait des distributions, plus on découvre des situations infernales, plus on réalise la détresse et l’immensité des besoins » dit-elle.
Aux abonnés absents
Si les pays asiatiques, notamment les Philippines et la Thaïlande, ont rapatrié leurs ressortissants, il n’en va pas de même pour les Etats africains. Dans la catégorie des bons élèves, l’Ethiopie, le Kenya, le Nigéria et le Sénégal se sont préoccupés du sort de leurs concitoyens. Ils sont malheureusement plus nombreux dans la catégorie « cancre » au premier rang de laquelle le Cameroun, suivi de la Sierra Léone, de la Côte d’Ivoire, des deux Congo, du Togo. Le Bénin s’est fendu, lui d’un communiqué surprenant. En effet, dans ce document le Ministère des Affaires Etrangères : « invite tous les Béninois résidant actuellement au Liban à saisir l’opportunité des derniers vols commerciaux encore disponibles pour quitter sans délai le pays et regagner le Bénin. » Encore faudrait-ils qu’ils aient les 2000 dollars nécessaires pour prendre leurs billets !
A cette liste des grands absents, il faut y ajouter l’Union africaine qui n’a même pas jugé utile de publier un communiqué de presse et les deux organisations sous-régionales, CEDEAO pour l’Afrique de l’Ouest et CEMAC pour l’Afrique centrale. Ces deux institutions auraient pu trouver une solution commune pour leurs Etats membres, il n’en a rien été. Qui s’en étonne ?
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