La prise de l’archipel des Seychelles par les Français 

08/11/2023 – La redaction de Mondafrique

« La Pierre de La Possession », érigée en 1756 par le capitaine Corneille Nicolas Morphey pour marquer l’appartenance de l’archipel de l’archipel de l’océan Indien au roi Louis XV, a éété réinstallée à Victoria, sur l’île de Mahé. L’original étant au musée, une copie a été dévoilée la semaine dernière. 

Vel MOONIEN 

 Au cœur de Victoria, sur l’île principale de Mahé, se trouve une petite ruelle nommée La Poudrière, qui a été témoin des premiers pas des Français dans l’archipel. Pour y accéder, il faut prendre la rue de La Possession d’où l’océan venait s’y lover il y a plus de deux siècles. C’est à cet endroit, alors appelé Port Royal, que le capitaine de frégate Corneille Nicolas Morphey a débarqué avec son équipage le 1er novembre 1756. Parti de l’Isle de France (ancien nom de l’île Maurice), il avait pour mission d’ériger La Pierre de La Possession afin de signaler que l’archipel appartient au roi Louis XV. 

La Pierre de La Possession est quasiment tombée dans l’oubli lorsque l’archipel est passé aux mains des Anglais suite à l’Accord de Paris après la prise de l’Isle de France et de l’île Bourbon en 1810. Ironiquement, c’est un Français, Henry Le Frey qui l’a retrouvé parmi un tas de débris à la rue de La Poudrière en 1894. Il a tenté de l’expédier illico presto à Paris, mais informé de ce projet, le chef de police local a réclamé sa restitution au capitaine du ferry sur laquelle elle avait été embarquée. 

La Pierre de La Possession est exposée au Muséum d’histoire naturelle de Victoria, mais un artiste local, James Auguste a eu l’idée de créer une copie conforme. Le mardi 1er novembre dernier, la reproduction a été dévoilée en présence du président Wavel Ramkalawan. James Auguste explique avoir dû consulter des livres d’histoires pour arriver à ce résultat. « Elle nous rappelle notre existence et la détermination de nos ancêtres à forger la nation que nous sommes aujourd’hui », lance David André, secrétaire général de l’Institut des Arts, de la Culture et de l’Histoire. 

« Séchelles », du nom de Jean Moreau de Séchelles, ministre de Louis XV

« Séchelles », du nom de Jean Moreau de Séchelles

Orné de trois fleurs de lys, du cordon de Saint-Esprit et de la couronne royale, La Pierre de La Possession porte également l’inscription « Séchelles », du nom de Jean Moreau de Séchelles, ministre des Finances de Louis XV. Au fil des ans, le nom a été modifié, devant ainsi Seychelles. Avant les Français, des navigateurs arabes, portugais et anglais avaient découvert l’archipel. Le capitaine Lazare de Picault, envoyé par le gouverneur-général des Mascareignes, Bertrand Jean François Mahé de La Bourdonnais, avait débarqué sur l’île principale qu’il baptisa Mahé. 

L’archipel nommé « îles de La Bourdonnais » par Picault fut rebaptisées Séchelles sous le gouverneur-général Charles René Magon de Médine. C’est ce dernier qui chargea le capitaine Corneille Nicolas Morphey d’installer La Pierre de La Possession à Port Royal afin d’ôter l’envie aux Britanniques de s’y installer. Le navire du capitaine Morphey, le « Cerf » donna son nom à l’une des deux îles en face de Mahé. L’autre île « intérieure », Praslin, a été nommée d’après le secrétaire d’État à la Marine de 1766 à 1770, César Gabriel de Choiseul Chevigny, duc de Praslin. 

Le duc de Praslin avait quasiment la même stratégie que Bertrand Jean François Mahé de La Bourdonnais. Il consistait à se servir des Seychelles comme base arrière pour porter secours aux troupes françaises sur la côte de Coromandel ; en Inde, en temps de guerre. L’éminent botaniste Pierre Poivre déléguera l’ancien militaire Antoine Gillot à Mahé pour explorer les terres et identifier des sites propices à de futures plantations. L’une de ses créations, le « Jardin du Roi », existe encore à Anse Royale.