Le 11 septembre 2025, pour la seconde fois en 24 heures, des centaines de jihadistes déferlaient à Tillabéri, ville verrou de communication du sud-ouest du Niger, qui jouxte le Burkina Faso, le Bénin et le Nigéria. Durant l’après-midi, ils réoccupaient une partie du périmètre investi la veille, précisément les alentours de la Direction des sapeurs-pompiers (Dsp) au centre de l’agglomération.
Un article de « Veille sahélienne », partenaire de Mondafrique
Nommé depuis quelques semaines, à la tête de la Zone N° 1, avec siège à Tillabéri, le Colonel Harouna Mahamadou Soukarédjou vient d’échapper à la colère de ses subordonnés. Il tenterait de rejoindre Niamey.
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Déjà, le 10 septembre 2025, à 15 heures, une colonne de combattants de l’Etat islamique au Sahel (Eis), entrait à Tillabéri, L’intrusion soudaine et sans précédent sema la sidération parmi les habitants contraints à se rabattre vers la brousse environnante.
Auparavant, les attaques, furtives, visaient plutôt les faubourgs. De la part des assaillants le nouveau surcroît d’audace révèle, à l’intérieur de l’ensemble Alliance des Etats du Sahel (Aes), l’accroissement des capacités à mener des offensives conventionnelles. L’asymétrie s’efface au profit de l’engagement frontal.
Des militaires barricadés
Malgré l’insistance des ordres reçus de Niamey, la capitale, les militaires refusaient de sortir du camp où ils se barricadaient en attendant l’accalmie. Le raid du 10 septembre dura environ une heure et permit, aux agresseurs, d’emporter des centaines de têtes de bétail, d’incendier un camion et de se livrer à des déprédations sur des bâtiments publics. Des unités de la Garde nationale, envoyées aux fins de compenser l’abstention de l’armée de terre et de récupérer le butin, tombèrent dans une embuscade qualifiée de « complexe ». 14 soldats et 1 civil périrent et plusieurs véhicules brûlaient encore, selon des témoins accourus, dès l’arrêt des combats. Le bilan des pertes, du côté de l’Eis n’est pas connu.
Le même jour, à Yélou, la région de Dosso, des hordes d’inconnus à moto, probablement des Lukawaras affiliées à l’Etat islamique, débordaient les positions de la Garde nationale. Là, aussi, le détail des pertes respectives fait défaut.
La récidive en cours ce 11 septembre et la lenteur de la séquence du vol de cheptel, témoignent de l’impuissance des troupes régulières, lesquelles exigent une protection aérienne, comme préalable à leur devoir de poursuite. Les Forces de défense et de sécurité (Fds) du Niger et les milices connexes disposent d’une nette supériorité en équipement de guerre mais le nombre, la motivation et l’acharnement tournent à l’avantage d’une insurrection diversifiée (Lukawaras, Iswap, Eis, Gsim, Mahmuda). S’y rajoute, sans coordination avérée, la rébellion Touboue du Mouvement patriotique pour la liberté et la justice (Mplj), qui réclame la libération de l’ancien Président Mohamed Bazoum et la restauration de la démocratie.