Né dans les années 90, cette musique ouest-africaine ne cesse de croître en popularité, au point d’être, aujourd’hui, l’un des plus gros exports culturels du continent. À ne pas confondre avec l’Afrobeat (sans « s »), un genre des années 70 mélangeant jazz, funk et musique traditionnelle.
L’afrobeat prend donc ses racines dans les années 70 au Nigeria, l’épicentre économique et culturel de l’Afrique. A cette époque, le continent assiste à la montée en puissance de l’artiste Fela Kuti, le pionnier devenu légende de l’afrobeat grâce à ses chansons engagées et revendicatives contre les dérives politiques de son pays. C’est en défendant les Droits de l’Homme dans sa musique que cet artiste nigérien a initié et popularisé le style dans toute l’Afrique, avant de l’exporter dans le monde entier. C’est justement cette diffusion sans frontière qui a donné naissance à l’afrobeats (avec un s donc)
Des sons électroniques et modernes, des productions brumeuses et chaleureuses, des accents nigérians, des milliards d’écoutes sur les plateformes de streaming, et même des Grammys, le prix musical le plus reconnu. Rien ne semble cesser l’ascension météorique de cette pop ouest-africaine, qui résonne aujourd’hui dans les soirées, centres commerciaux et radios de Lagos et d’Accra, mais aussi de Londres, Paris et Los Angeles.
Une musique attrape tout
Cette musique n’est pas réellement un genre en soi, avec des caractéristiques musicales claires et identifiables. C’est plutôt un terme générique pour toute la pop anglophone ouest-africaine, qui se divise elle-même en plusieurs genres qui varient selon l’influence ethnique, la période, etc. Le mot est né vers le milieu des années 2000 dans les stations radio Londoniennes, où des DJs de la diaspora ouest africaine l’ont volontairement utilisé pour des raisons de marketing: plus facile de vendre au publique britannique un terme englobant tel “Afrobeats” que les genres de musique englobés comme le “Naija hip hop” ou le “jùjú”. L’afrobeats commençait alors son ascension.
Mais cette aventure musicale commença vers la fin des années 90, lorsque le gouvernement nigérian de Olusegun Obasanjo promulgua une politique de prioritisation de la culture locale, qui poussa les créations nationales de divers types de musique pop au devant de l’espace médiatique. Depuis, les productions courtes, calmes et entêtantes n’ont cessé de se répandre, d’abord dans la région, puis dans le continent, et finalement au reste du monde.
L’influence anglaise
Mais une grande partie du succès du genre à l’échelle mondiale au fur et à mesure que les années 2000 est due à la diaspora ouest-africaine résidant au Royaume-Uni. Ils l’ont non seulement ramené avec eux en Europe, mais ils l’ont introduit à un pays qui avait déjà bien l’habitude de la musique issue de communautés noires (telle le dancehall Jamaïcain ou le hip-hop britannique) qui a pu donc facilement l’intégrer. Et finalement, l’arrivée d’un Afrobeats facile à digérer dans un pays anglophone et développé avec de nombreux DJs compétents a éventuellement donné aux artistes du genre les clés du large marché américain, ce qui a permis son explosion mondiale lors des années 2010.
L’Afrobeats ne montre aucun signe d’essoufflement, comme en témoignent les centaines de millions d’écoutes sur les plateformes de streaming. Les foules se pressent dans les plus grandes salles de concert pour y entendre leurs artistes préférés. La part des africains nommés pour les Grammys ne cesse d’augmenter. On pourrait pourtant croire qu’un genre qui a plus de 20 ans d’ancienneté commencerait peut-être à ralentir, mais que nenni. Ce n’est que depuis environ 5 ans que ses artistes se font consacrer par les récompenses les plus prestigieuses au monde. Burna Boy en 2020 et Wizkid en 2021: on pourrait presque croire que ce n’est que le début.