Vidéo (2/4), François Hollande revient sur la politique de Macron au Liban

Rédigé le 23/12/2021
La redaction de Mondafrique

L’ancien président français François Hollande a accordé une interview au média libanais Ici Beyrouth dimanche 19 décembre 2021. Il est revenu sur la situation au Liban, victime depuis deux ans de la pire crise économique, sociale et institutionnelle de son histoire.

Au lendemain de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, le président français Emmanuel Macron se rendait sur place et assurait le peuple libanais du soutien de la France. Un soutien qui a donné de l’espoir au moment où le pays était (et est toujours) victime d’une grave crise économique, sociale et politique. La pire de son histoire. Le but de « l’initiative française » était le suivant : nommer un gouvernement indépendant capable de faire des réformes. Et grâce à celles-ci les Libanais allaient voir leurs caisses renflouées par une aide financière française et internationale.

Un plus de deux ans ont passé depuis. Et « l’initiative française [pour le Liban] n’a pas eu les résultats que l’on souhaitait et attendait », a regretté l’ancien président français François Hollande dans une interview accordée au média libanais francophone Ici Beyrouth. « Pour la population libanaise, c’est une très grande déception. D’une part parce que le gouvernement n’a pas été constitué sur ces bases [celle de l’initiative française] et parce que l’aide n’est pas suffisamment venue », estime l’ancien locataire de l’Élysée. « J’espérais que la France puisse être plus active et poser des conditions politiques. Mais le premier devoir de la France, c’est d’aider le Liban », a martelé François Hollande.

Inquiétude du rôle de l’Iran

Pour permettre au Liban de se redresser, il faut des financements et des moyens. L’ancien locataire de l’Élysée estime qu’il faut les apporter « en passant par les ONGs mais aussi par les autorités libanaises » et l’actuel gouvernement de Najib Mikati. François Hollande confesse toutefois que ce gouvernement « n’est pas avec lequel nous aurions souhaité converser. Mais c’est celui qui est en place ». « On est devant un dilemme. Il serait bien sûr préférable qu’il y ait un autre gouvernement (…) qu’il y ait une autre façon de répartir le poste au Liban (…) qu’il y ait une lutte efficace contre la corruption ». Problème : Emmanuel Macron refuse toute aide financière sans un gouvernement capable de mener les réformes réclamées par la communauté internationale.

Devant cette situation, François Hollande s’inquiète du rôle et de l’influence de l’Iran, très actif dans le processus politique et économique libanais. Les Iraniens viennent « montrer qu’eux sont généreux et qu’eux peuvent apporter un certain nombre de soutiens directs ou indirects. Et on voit bien les conséquences et des risques que cela peut avoir sur la société libanaise », explique l’ancien président français, semblant ici pointer du doigt le Hezbollah, milice chiite entraînée, financée et commandée par la République islamique.

Initiative franco-allemande

François Hollande appelle enfin à une action de la part de l’Europe des 27 pays — car jusque-là la France menait seule sa barque — afin d’aider, plus que jamais, le Liban à se sortir de sa léthargie. « L’Europe ne doit pas simplement être une caisse qui s’ouvre, et encore assez timidement. Elle doit être capable, non seulement de fournir un soutien mais poser des règles politiques », estime l’ancien chef de l’État français, estimant que « le pire pour le Liban c’est l’indifférence, c’est qu’il ne devienne même plus un enjeu, que l’on pense que ça a toujours été comme ça et qu’il continuera à être comme ça ».

Si ce n’est l’Europe, François Hollande estime que la « bonne initiative » après les élections en France, et maintenant que l’Allemagne a un gouvernement — dérogé par Olaf Scholtz — c’est qu’il puisse y avoir une « initiative franco-allemande sur le Liban ». « A chaque fois que la France le fait, elle le fait au nom de son amitié, au nom de sa présence historique, mais c’est bien qu’il y ait un grand pays comme l’Allemagne qui s’investisse sur les sujets du Proche et Moyen-Orient », estime l’ancien président.