Ahmed Taleb Ibrahimi, possible recours du pouvoir militaire algérien

16/05/2019 – La redaction de Mondafrique

Ancien ministre des Affaires Etrangères des anciens présidents Boumedienne et Chadli et figure très respectée en Algérie, Ahmed Taleb Ibrahimi devrait annoncer ce vendredi son projet de sortie de crise.

Ces dernières semaines, le nom de l’ancien ministre des Affaires Etrangères revenait avec insistance. Le pouvoir militaire à l’oeuvre en Algérie, disait-on, avait fait des avances à Ahmed Taleb Ibrahimi pour présider un comité de transition politique. Mais ce dernier aurait refusé d’entrer dans l’arène en mettant en avant son grand âge et sa fatigue.

Il semble qu’il n’avait pas obtenu des militaires suffisamment de marges de manoeuvre pour ne pas jouer seulement un rôle d’ « idiot utile ». Depuis, on avait l’impression que la transition politique algérienne était en panne, malgré des mobilisations populaires toujours aussi fortes.

Vers un report des élections

Or on annonce pour ce vendredi ou pour dimanche une initiative d’Ahmed Taleb ibrahimi pour négocier au mieux la transition politique. Le projet qu’il devrait rendre public comprend le report des élections qui avaient été annoncées pour le 4 juillet et l’ouverture d’une phase de transition garantie par l’armée. Cette période transitoire devrait durer six mois, sous l’autorité d’un conseil consensuel, mais dont il ferait pourtant pas partie. « Taleb », caution morale et politique, ne veut pas prendre pour autant de responsabilités opérationnelles.

L’initiative de Taleb Ibrahimi arrive à un moment opportun pour le pouvoir militaire en panne de propositions. Depuis peu, l’entourage de Gaïd Salah envisage un possible report des échéances électorales et songe à créer un « comité » de transition démocratique constitué de quatre ou cinq personnalités incontestées. Une intervention publique de l’ancien ministre des Affaires Etrangères mettrait utilement sur les rails les projets de l’armée.

Une personnalité incontestée

Issu d’une famille d’oulémas et ancien président de l’Union générale des étudiants musulmans algériens, très active dans la guerre d’indépendance, Ahmed Taleb Ibrahimi présente de grands atouts pour jouer un rôle central dans l’actuelle transition. Homme du sérail et grand serviteur de l’Etat, cette figure respectée a traversé ce dernier demi siècle sans jamais être mis en cause pour des dérapages idéologiques ou financiers.

Cet homme pieux qui incarne un nationalisme islamique présente l’ avantage d’être écouté par la mouvance islamiste, pour l’instant silencieuse, pais dont on sait qu’elle représente une partie importante de l’opinion algérienne.

Cette dernière semaine, des chaînes de télévision privées et des journaux arabophones issus de cette sensibilité religieuse ont entrepris une campagne médiatique pour imposer Ahmed Taleb Ibrahimi comme une personnalité consensuelle .

Des radio-trottoirs ciblées et des tables rondes en partie évoquent son nom avec insistance. Des banderoles sont brandies dans les manifestations en sa faveur, les réseaux sociaux amplifient un incontestable mouvement de sympathie