Le luth mythique de la musique arabe à l’honneur à la Philarmonique de Paris

10/03/2022 – La rédaction de Mondafrique

La Philharmonie de Paris, situé dans le secteur du parc de la Villette, organise  entre le 12 mars et le 14 mai– sous le thème « Secrets d’instruments » – une série de présentations axées sur des instruments qui constituent les « trésors » du Musée de la musique, notamment « le Oud », ce luth légendaire de la musique arabe.

Une chronique de Fabienne Touma

Le « Oud », très populaire dans le monde arabe, a été conçu à l’origine dans la capitale syrienne par un certain Abdoh George Nahhât

Trois instruments seront  présentés par la Philarmonique de Paris: le violon-trompette Stroh (le 12 mars) ; les trompettes d’Aïda (le 9 avril) ; le Oud (ou ‘Ud, le 14 mai).

Ce dernier est sans nul doute l’instrument le plus connu du grand public. Ce luth, très populaire dans le monde arabe, a été conçu à l’origine dans la capitale syrienne par un certain Abdoh George Nahhât. Sur la nature du bois utilisé pour la fabrication du Oud, le site de La Philharmonie de Paris indique qu’en Orient, on raconte que les luthiers « repéraient les arbres susceptibles de fournir le bois le plus inspirant au nombre d’oiseaux qu’ils nichaient!».

C’est un voyage musical que nous propose donc la Philharmonie de Paris afin d’explorer cet instrument « en pénétrant l’histoire, la facture et la sonorité d’un oud exceptionnel du Musée de la musique », précise le site en question.

Le concert (prévu le samedi 14 mai 2022 à 15h30 et 16h30 au musée de la Musique), permettra de comprendre comment les vibrations hypnotiques et virtuoses du Oud plongent le spectateur dans les récits extraordinaires des pays d’Orient. Le Oud est en effet représentatif de la musique arabe, et joue un rôle essentiel dans l’enseignement de la théorie musicale et du système tonal arabe.

Une sophistication légendaire

Derrière cet instrument populaire se trouve une famille, les Nahhât (qui signifie « sculpteurs » en arabe). Le Oud particulier qui sera présenté au public lors du concert est l’œuvre d’Abdoh George Nahhât, luthier syrien poursuivant à Damas l’activité familiale initiée par son grand-père Abdoh Nahat. « Une référence en matière de lutherie et un symbole d’une tradition damascène doté d’une sophistication légendaire », relève le site de La Philharmonie de Paris.

L’histoire de cette famille débute en 1860 avec George Youssef Nahhât, sculpteur de pierre tout d’abord, puis sculpteur de bois. Il se spécialise dans la fabrication de meubles d’arts et de Oud. La machine est ainsi lancée et la transmission se fait de père en fils. C’est Abdoh George Nahhât, le fils de George Youssef Nahhât, qui fait croitre l’entreprise familiale au-delà des frontières de la Syrie.

À leur tour, les fils d’Abdoh George Nahhât, et plus particulièrement Elias (Elie), poursuivra plus tard au Brésil cette activité familiale. Sa mort marquera la fin de la dynastie des Nahhât et de leur Oud.  

Le Oud qui sera présenté au public le 14 mai est admirablement bien conçu (dix-sept côtes, de filets d’érable, d’une table d’harmonie en bois de cèdre, de trois roses en feuille d’ivoire, d’un manche, d’un cheviller comportant 12 chevilles d’accord en ébène) et promet de faire voyager le spectateur dans l’histoire musicale de l’instrument et l’histoire de cette famille. La présentation musicale sera dirigée par l’interprète Wissam Joubran, accompagné du conservateur Alexandre Girard-Muscagorry.

Le violon-trompette

Le deuxième instrument qui sera présenté par le musée de la Musique de Paris est le violon-trompette, appelé Stroh (le samedi 12 mars, à 15 heures 30 et 16 h 30).

Créé par un Londonien, Johannes Matthias Augustus Stroh, cet instrument est connu pour être une variante du violon classique avec quelques modifications. En effet, le Stroh comporte un violon, un cornet (comme une trompette) et un pavillon. Le son devient ainsi très directif et nasillard, ce qui permets un équilibre orchestral pour la période des premiers enregistrements acoustiques, puisque jusque-là, les instruments à vent (comme la trompette) couvraient le son des instruments à corde (tel le violon).

Enfin, le samedi 9 avril 2022 (toujours à 15h30 et 16h30), le musée de la Musique présentera les trompettes d’Aïda, aussi appelées trompettes droites à deux pistons de type berlinois. Ces trompettes antiques berlinoises ont été façonnées spécialement par un inventeur, Adolphe Saxe, pour un opéra composé par Guiseppe Verdi et dont le synopsis a été créé par Auguste-Édouard Mariette, une égyptologue française à la tête du secteur des antiquités du musée du Caire.

Pour réserver pour l’un ou l’autre des trois concerts, rendez-vous sur le site de la Philharmonie de Paris.