La justice nigérienne face à elle-même ce 24 juillet

23/07/2018 – La rédaction de Mondafrique

Le dossier des acteurs de la société civile nigérienne incarcérés depuis quatre mois et dont le délibéré est attendu ce 24 juillet 2018 est uniquement politique, la justice n’est ici qu’un paravent.

par Prof. Issoufou YAHAYA

Ce dossier traduit la peur bleue des monarques, compromis dans leur gestion et obligés de faire feu de tout bois, y compris de la justice ; cette justice à laquelle ils ont peu d’estime et qui a pris des coups sous la renaissance. Impuissant, outragé et même supplicié, le Juge tient là l’occasion de démontrer qu’il n’a pas été anéanti et que la Justice, son institution, reste et demeure un service public, pas un tribunal chargé de régler des problèmes d’ordre personnel et privé.

L’opinion nationale et internationale appréhende à présent qu’à force de vouloir régler des comptes, les renaissants risquent de régler leur propre compte : dans cette affaire, leurs champions ont largement perdu crédit et image à l’intérieur comme à l’extérieur. Ensuite, par leur opiniâtreté à vouloir instrumentaliser la justice, ils la mettent au défi et à l’épreuve. Enfin, aux yeux de la communauté internationale, la seule dont ils redoutent les contrecoups, ils ont plus à perdre qu’à gagner. Des menaces claires se font pressantes, les plongeant dans l’expectative.

Ce mardi peut être périlleux pour ce régime déjà fortement abominé, et, de son orgueil à vouloir condamner par tous les moyens les défenseurs des droits humains, ceux-là qui se battent constamment y compris pour l’indépendance de la justice, jaillira la certitude du juge qui déterminera la survie de l’état de droit dans notre pays : toute condamnation dont se satisfera le régime, apparaîtra comme un défi du gouvernement aux partenaires, par ce temps de vache maigre ; la relaxe, un camouflet pour le régime et le triomphe du droit. Car, il est loisible de discerner que dans ce dossier, le pouvoir judiciaire est observé comme la porte dérobée servant à légitimer des faits grossièrement qualifiés par les caciques de l’exécutif.

Le juge n’est ni un garçon de café, ni un domestique. Incarnant aussi un pouvoir à lui reconnu par la société dont il est issu, son verdict lui suivra à vie. Au sein de la communauté, son courage lui sera à jamais reconnu. A l’international son indépendance et son intégrité lui serviront de carte de visite. Puisqu’il doit malgré tout décider, il est attendu qu’il rende la décision qu’il portera comme un étendard.