MBS vient demander une médiation à l’Algérie

Rédigé le 02/12/2018
Nicolas Beau

La visite du Prince héritier et ministre de la Défense d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane (MBS), atterrit ce dimanche à Alger, avec l’espoir de convaincre ses interlocuteurs de lui donner un coup de main diplomatique

Dans le périple qui le ramène d’ Argentine, MBS a tenu à s’arrêter le dimanche 2 décemnre en Algérie où pourtant il n’a pas que des amis. La chute actuelle du cours du pétrole, si elle fait plaisir président Trump, est une catastrophe pour les autorités algériennes confrontées à une situation politique très tendue et qui ne veulent à aucun prix imposer l’austérité à leur population. D’autre part, les Séoudiens ont considérablement augmenté le prix du pèlerinage à la Mecque, au grand dam des musulmans des pays du Maghreb.  « Plusieurs questions vont être abordées, lors de cette visite de MBS, notamment le marché des hydrocarbures et le prix de pétrole, ainsi que celui des visas et des autres avantages économiques », annoncent les autorités algériennes.

Mais il ya beaucoup plus au menu des discussions entre les Séoudiens et les Algériens.. L’Algérie s’est toujours montrée très critique envers l’intervention séoudienne au Yémen, même lorsque même lorsque MBS, au temps de sa splendeur, était soutenu par une majorité de pays arabes. Cette position diplomatique avait d’ailleurs valu aux Algériens un certain isolement mais conforté leurs bonnes relations avec l’Iran et la Turquie.

Le recours algérien

Lakhdar Brahimi, né le 1ᵉʳ janvier 1934 à El Azizia, près de Tablat en Algérie, est un diplomate et homme politique algérien. Il fut également Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation des Nations unies ainsi qu’envoyé spécial chargé de plusieurs dossiers/régions pour ces deux organisations

Or aujourd’hui ce sont justement les bonnes relations d’Alger avec les principaux adversaires de l’Arabie Saoudite qui pourraient faire de l’Algérie un médiateur dans la crise actuelle. Cette démarche avait été amorcée en Juin dernier. L’ancien diplomate, Lakhdar Brahimi, une figure unanimement respectée dans la communauté internationale, avait été alors sollicité pour tenter une première médiation. Mais la répression féroce à laquelle s’était livrée l’Arabie Saoudite au Yémen l’été dernier, n’avait guère favorisé ces premiers pourparlers.

Lors des discussions qui auront lieu entre MBS et les autorités algériennes, ce dernier devrait demander à Alger de tenter une nouvelle démarche auprès des Turcs et des Iraniens. Aux yeux du Prince héritier séoudien, il faut éviter à tout prix qu’Ankara publie l’enregistrement calamiteux de la conversation qu’il a menée avec le commando chargé d’assassiner, le 2 octobre, le journaliste et opposant Jamad Khashoggi. Il serait bon également, selon lui, que les Iraniens assouplissent leurs exigences au Yémen et acceptent que les Séoudiens trouvent une honorable porte de sortie.

La Présidence algérienne et ses alliés  qui tentent dans la transition actuelle d’imposer leur légitimité a besoin, plus que jamais, d’un succès diplomatique. Le porte parole du RND, le parti du Premier ministre Ouyahia, a salué l’arrivée à Alger, le 6 décembre, du Prince pestiféré.

Pour sauver le soldat MBS, il faudra à l’Algérie beaucoup de talent.