Présidentielles Madagascar, la fraude a été massive

Rédigé le 28/11/2018
La redaction de Mondafrique

Le collectif de Candidats à l’élection présidentielle qui a eu lieu le 7 novembre à Madagascar dénonce dans une lettre ouverte la fraude massive qui a marqué le premier tour de ce scrutin.

Le Collectif de Candidats à l’élection présidentielle 2018 comprend

Tabera RANDRIAMANANTSOA (n°3)
Jean-Jacques RATSIETISON (n°6)
Lalaoarisoa Marcellin ANDRIANTSEHENO (n°7)
Marie Eliana BEZAZA (n°14)
Arlette RAMAROSON (n°18)
Joseph Martin RANDRIAMAMPIONONA (n°20)
Fanirisoa ERNAIVO (n°24)

Selon les résultats très contestables proclamés ce mercredi 28 novembre par la Haute Cour constitutionnelle (HCC), un second tour devra départager le 17 décembre les deux anciens présidents malgaches Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, qui seraient arrivés en tête du premier tour de la présidentielle, .

Avant le début de la campagne Présidentielle 2018, les 36 candidats ont été réunis par la CENI afin qu’ils donnent leur avis sur le processus électoral en cours. Il en était ressorti que les 36 candidats présents ou représentés par un mandataire ont reconnu à l’unanimité :

  • que la liste électorale était corrompue. Des fraudes avaient été décelées : des personnes étaient inscrites 2 fois voire plus, des personnes décédées depuis plusieurs années figuraient toujours sur la liste et à l’inverse des millions de Malgaches avaient été omis de cette liste ;
  • que de telles fraudes allaient changer les résultats qui ne correspondraient plus alors au choix réel des électeurs ;
  • et qu’on allait donc directement vers une crise post-électorale, ce qui serait une première à Madagascar.

Devant ces constats alarmants et suite à la demande insistante des candidats sur le temps nécessaire qu’il faudrait pour nettoyer la liste électorale, la CENI avait avancé un délai de 3 mois qui reporterait la date de l’élection d’autant. Mais le mandataire du candidat n°13 avait alors déclaré que ce dernier était opposé à tout report de l’élection nonobstant tous les points évoqués.

De là est né le collectif de candidats qui n’a cessé depuis et jusqu’à ce jour de réclamer la révision de la liste électorale pour obtenir une élection transparente et acceptée par tous. En tout état de cause, en raison du climat de suspicion actuel, nous avons revendiqué auprès de la CENI la présentation physique des 6.632.553 bulletins uniques inutilisés (12.000.000 commandés – 5.367.447 votants).
Le cas échéant, les confrontations devront alors se faire avec les bulletins physiques.

Au vu des résultats partiels publiés par la CENI et l’examen des résultats par bureau de vote, Il apparaît aujourd’hui au grand jour qu’une fraude massive, réalisée à une échelle sans précédent dans l’histoire des élections malgaches et préparée longtemps à l’avance, a été mise en œuvre faussant complètement cette élection dont les résultats étaient déjà connus par ceux qui l’ont fomenté. On comprend mieux maintenant la raison du veto à tout report de l’élection. Mais ces fomentateurs se sont trahis lors de la soirée électorale organisée en direct par la TVM le 7 novembre, lorsque le partisan du candidat n°13 avait affirmé à plusieurs reprises et de manière péremptoire à tout le pays, qu’il était déjà en possession des chiffres donnant ce dernier élu au premier tour. Il s’était même permis d’annoncer au candidat n°6, présent sur le plateau, qu’il serait parmi ceux qui auront 0%, au moment même où les bureaux de vote terminaient la confection des procès-verbaux, et qu’il était donc impossible de se faire une idée exacte des résultats définitifs d’un quelconque candidat sur l’ensemble du pays sauf à les connaître à l’avance. Or ces 2 affirmations se sont avérées justes : le candidat n°13 ne cesse de clamer que, selon ses chiffres qu’il juge incontestables, il était élu largement au 1er tour et le candidat n°6 a effectivement obtenu 0,31%.

Outre les nombreuses preuves matérielles que le collectif a déjà fournies, nous apportons également ici la démonstration par l’absurde de l’existence de cette fraude massive car en effet la probabilité que 100% des électeurs de 100% des bureaux de vote aient eu invariablement le même réflexe de vote plaçant de manière systématique le n°13 en 1ère position, le n°25 en 2ème (ou vice versa), le n°12 en 3ème et ne créditant les 33 autres candidats d’aucune ou de seulement 1 ou 2 voix est de l’ordre de zéro. On laisse aux statisticiens le soin de préciser le nombre de zéro après la virgule avant le premier chiffre entier. La comparaison des résultats avec l’élection 2013 et l’analyse des résultats par bureau de vote ne font que le confirmer.

(…) En outre, la MOE-UE Madagascar 2018 a, dans sa déclaration préliminaire sur le processus électoral du 7 novembre 2018, fait état du constat par ses observateurs de distribution d’argent en ces termes : « La distribution d’argent est observée lors de la campagne du candidat Andry Rajoelina (n°13) à Antsiranana I, région Diana le 8 octobre ; à Sambava Centre, région Sava le 10 octobre, à Tolagnaro, région Anosy le 19 octobre, à Ampasimazava, Toamasina I, région Atsinanana le 21 octobre, à Fénérive-Est, région Analanjirofo le 23 octobre, Mahamasina, région Analamanga le 27 octobre, à Morondava Centre, région Menabe le 27 octobre, à Vangaindrano, région Atsimo-Atsinanana le 30 octobre ;…»

Or de tels agissements frauduleux constituent un achat de vote conformément à l’article 233 de la loi organique n° 2018-008 du 11 mai 2018 relative au régime général des élections et des referendum en son chapitre III sur les infractions constitutives d’entrave à la liberté et à la sincérité du scrutin et du vote. Outre le fait que le candidat précité encourt non seulement l’inéligibilité, les actes qu’il a commis faussent complètement la sincérité du scrutin et du vote.

On ne saurait comprendre pourquoi la Communauté Internationale et l’Union Européenne en particulier puissent arriver à la conclusion que si le scrutin s’est effectivement déroulé dans le calme, il l’a été également dans des conditions normales alors qu’elles ont pu observer des actes de corruption et de fraudes massives.

Comment osent-elles, en totale contradiction avec la loi rassurer et préparer l’opinion Malgache et Internationale en encourageant un deuxième tour qui n’a aucune légitimité, ni légalité.

Comment la SADC peut-elle avant la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle par la HCC, après avoir également dénoncé des irrégularités, présumer la décision de cette dernière et féliciter les 2 protagonistes contestés dont l’un au moins devrait être déclaré inéligible.

Nous, collectif de candidats dénonçons avec vigueur cette situation.

Nous dénonçons avec véhémence et indignation l’existence d’une fraude massive qui ne respecte nullement le vrai choix populaire.

La MOE-UE, elle-même, a constaté des actes frauduleux d’achats massifs de votes remettant en cause la sincérité du scrutin, la SADC a également émis des critiques quant au déroulement du scrutin. Nous, collectif de candidats à l’élection présidentielle demandons solennellement à la Communauté Internationale d’unir pour une fois leur voix aux nôtres mais surtout à celle du peuple Malgache pour réclamer l’annulation de l’élection du 7 novembre afin d’éviter un énième hold-up électoral. Cela nous donnera l’occasion d’assainir la liste électorale, de mettre en place un nouveau processus électoral pouvant garantir une élection transparente et fiable et partant des résultats reconnus et acceptés par tous.

A défaut, les missions d’observation internationale ne seraient, encore une fois, d’aucune utilité pour le peuple Malgache.