Des proches de Touadera et le coup d’état contre la Guinée Equatoriale

15/02/2019 – La redaction de Mondafrique

Les frères Yalo, proches du président centrafricain Touadera, devraient être jugés en mars prochain pour avoir participé au coup d’état raté, le 28 décembre 2017, contre le président de Guinée équatoriale, Obiang Nguema Mbasogo. Portrait des deux frères

Parmi les putschistes qui fomentaient un coup d’Etat contre le président de Guinée Equatorial et qui furent arrêtés le 28 Décembre 2017, se trouve Ahmed Yalo dit « Dada », le petit frère de Sani Yalo, un riche homme d’affaires centrafricain fort proche du président Touadera.

Selon des éléments en possession des services de sécurité du Cameroun, de Guinée-Equatoriale et de France, Bangui aurait servi de base arrière dans le montage du complot déjoué par Malabo, mais aussi de lieu de recrutements de certains éléments participant à cette tentative de putsch avortée. Lorsque Obiang Nguema Mbasogo avait appris que se trouveraient des proches de Faustin Archange Touadéra, dontl es frères Yalo, parmi les putschistes, avait d’ailleurs convoqué pour explications, le 9 janvier 2018, Faustin-Archange Touadéra, le président centraficain. Trois jours plus tard, le ministre de la Sécurité nationale, Nicolas Obama Nchama est dépêché à Bangui pour pousser plus loin les premières investigations.

Depuis, l’enquête apparemment s’est perdue dans les sables en Centrafrique. Il reste qu’Ahmed Yalo, toujours emprisonnée à Malabo, devrait être jugé durant le procès des auteurs du coup d’état qui devrait avoir lieu en mars 2019 et son frère Sani pourrait lui aussi être jugé par contumace.

Qui est Sani Yalo ?

Sani Yalo est né en 1963. Il est le frère ainé de Danzoumi Amadou Yalo qui lui est mécanicien automobile de profession comme le papa Mahamat Yalo, qui fut notamment mécanicien de Bokassa dans le temps. Sani Yalo a fait son école primaire à Bangui, puis poursuit le collège et le secondaire à Bangassou avant de retourner à Bangui en 1978, pour fréquenter le lycée des Martyrs.  

Sous Kolingba, il se signale en épousant la petite sœur de Jonathan Koué (neveu du Président Kolingba). Il a profité de cette juteuse relation (beau-fils de la grande sœur président Kolingba, beau-frère à la direction de PETROCA) pour contracter plusieurs crédits à Bangui (UBAC). Ces crédits ne seront jamais remboursés. Au final, Sani Yalo s’appropriera le patrimoine de son épouse jusqu’à la rendre folle et malade. La pauvre arpente aujourd’hui les églises en France en quête de guérison et de salut divin, complètement brisée par son éphémère « époux »… 

Paris, Le Cap, Bangui à nouveau

Par la suite, l’ami Sani part en France puis en Afrique du Sud. Il rentre à Bangui fin 1995. Bozizé connaissait très bien les familles du Km5 et le frère Danzoumi Yalo « Daz’ » réparait parfois ses véhicules de Bozizé bien avant que celui-ci ne soit nommé chef d’Etat-major sous Patassé.  Il fut ensuite Directeur Général de la société de transport Sicotrans et un temps du club Tempête MOCAF. Il fut impliqué dans l’affaire Zongo Oil qui a coûté plusieurs milliards de FCFA au Trésor Public Centrafricain. En septembre 2000, une procédure judiciaire et lancée contre cette société et un mandat d’arrêt international est lancé contre Sani Yalo et ses biens sont saisis par la justice avant qu’il ne réussisse à prendre la fuite au après une tentative d’arrestation.

Il sera ensuite arrêté au Cameroun en 2002 suite au mandat d’arrêt international émis contre lui puis relâché quelques temps après.  Sani Yalo est revenu à Bangui en mars 2003 avec son éphémère mouvement. Son frère Danzoumi Yalo surnommé colonel « Daz », fut un bras droit de Bozizé dans la rébellion, devenu ensuite « chargé de missions » au Ministère de la Défense et responsable de la sécurité rapprochée de Bozizé.

Les deux frères seront emprisonnés de décembre 2003 à mars 2004, accusés de préparer un coup d’Etat. Ces arrestations interviennent suite à la rétrogradation de Karim Meckassoua, passé des Affaires étrangères à l’Education nationale à l’issue du remaniement ministériel du 14 décembre 2003 et que des « libérateurs » sont regroupés dans le nord de Bangui réclamant des compensations financières suite à leur participation au coup d’Etat de mars 2003.  Emprisonné à la Section d’enquête et de documentation (SERD),

Sani Yalo fut relâché en mars 2004 et quitta alors le pays. Il est retourné en RCA le 24 Juin 2006 où il a été condamné à huit ans de prison le 4 Août 2006 par le tribunal correctionnel de Bangui pour escroquerie, faux et corruption de fonctionnaires dans l’affaire « Zongo Oil ». Sani est également privé de tous ses droits civiques et condamné à verser 4 millions de FCFA de dommages et intérêts à l’Etat centrafricain.  Sani Yalo fera les yeux doux à la Seleka et Dazoumi rejoindra lui la Seleka.

Le retournement de Sani Yalo

Mais en avril 2013, les chefs Seleka soupçonneux arrêtent les frères Yalo. Le parquet du Tribunal de grande instance de Bangui lance début août 2013, un mandat d’arrêt contre Danzoumi pour des faits de pillages sur les sites des entreprises Orange Centrafrique, CFAO Motors et du domicile de M. Marboua « à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA » le 24 mars, date de la prise du pouvoir par la Séléka.

Suite à ce rejet, Sani Yalo combattra la Séléka médiatiquement à travers un éphémère parti politique le Front pour la Restauration de l’unité et de la démocratie en Centrafrique.  Après son accession au pouvoir, le Président Touadéra nomme Sani Yalo Président du Conseil d’Administration du Bureau d’affrètement Routier Centrafricain (BARC) en Août 2016. Le BARC est une société d’économie mixte dont l’Etat est actionnaire minoritaire (33%), qui détient le monopole du trafic routier sous-régional et gère notamment la gare terminale routière de Bangui. Les fonds du BARC, véritable manne financière issue des flux routiers intérieurs et sous régionaux sont évidemment extrêmement importants pour le régime en place. 

Les liens suspects des Yalo en Guinée

Les frères Yalo seront-ils mis en cause et condamnés durant leprocès qui devrait avoir lieu en Gunée équatoriale en mars prochain contre les auteurs du coup d’état manqué contre le président Obiang à la fin de 2017? On peut fortement l’imaginer

Les relations troubles entre les Yalo et certains officiers Equato-Guinéens ont débuté lorsque Danzoumi Yalo,le troisième frère, a ouvert en 2015 un motel dans le quartier 36 villas. Ce motel a accueilli aussi des officiers du contingent Équato-Guinéen détaché en Centrafrique. Ces relations se sont ensuite approfondies via des rendez-vous qui ont ensuite eu lieu à l’hôtel Hilton de Yaoundé, Madrid, Paris et l’hôtel Ledger Plazza de Bangui. Hawa Yalo, sœur de Sani Yalo. Elle séjournait d’ailleurs le motel de Danzoumi lorsqu’elle descendait à Bangui. Elle se serait même s’acoquinée avec deux officiers Equato-Guinéens.

Ces derniers ont-ils participé à la tentative de putsch du 28 décembre ? On ne le sait pas à ce stade. Ahmed Yalo dit « Dada », petit frère de Sani Yalo arrêté le 28 Décembre dernier. Il a été envoyé au Tchad en formation à l’école des officiers en 2011 et a fait ses classes à Ndjamena. Il y réside jusqu’en 2014. Entre temps, Bozizé est tombé. Sa formation terminé, il s’envole pour la France et obtient le statut de réfugié. Il s’établit dans les Hauts-de-Seine avec sa sœur Hawa se qui ne l’empêche pas de se rendre régulièrement au Tchad et au Cameroun. Il vivote à Paris où il en lien avec des éléments Equato-Guinéens en exil avant de se rendre à Douala fin 2017. Kiki Yalo et Danzoumi Yalo deux autres frères de Sani Yalo sont eux aussi impliqués. Kiki Yalo est actuellement en France (il réside à Angers) a été positionné par son frère au Conseil Economique et Social à Bangui. Il serait rentré en France depuis Bangui avec 15 millions de FCFA. Danzoumi Yalo surnommé colonel « Daz », fut un bras droit de Bozizé en 2003, puis ensuite responsable de la sécurité rapprochée de Bozizé. Kiki et Danzoumi ont procédé au recrutement des éléments centrafricains ayant participé à cette aventure dans le rang des FACA. Dada était lui en lien direct avec l’opposition équato-guinéenne en exil en France et a directement pris part à la tentative de putsch déjouée. Sani Yalo qui s’est d’ailleurs rendu à Paris mi-Décembre était forcément informé des entreprises de ses frères Dada, Danzoumi et Kiki Yalo…Il n’est d’ailleurs un secret pour personne que les Yalo ont toujours entretenu des liens étroits avec des éléments armés tchadiens… La tentative de putsch avortée aurait été dirigée par un général Equato-tchadien qui a d’ailleurs financé une large partie du mariage de Sani avec Jeanne Lebouder qui a eu lieu en 2017…