La criminalisation des opposants dans le monde arabe

23/04/2019 – La redaction de Mondafrique

Dans la plupart des pays arabes, les gouvernements continuent de resserrer l’étau autour de leurs opposants, comme c’est le cas en Irak pour Tarek al-Hashemi, en Egypte pour Mohamed Morsi ou en Mauritanie pour l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou.

L’exil ne garantit pas nécessairement aux opposants le salut, car leurs gouvernements continuent de les traquer. Voilà sept exemples récents d’abus commis par des régimes arabes à l’encontre de leurs opposants à l’étranger.

1- L’Irak
En 2011, Tarek al-Hashemi s’est évadé de Bagdad alors qu’il était vice-président. Accusé par le gouvernement d’avoir commis des actes terroristes, il a été condamné à mort par contumace et inscrit sur les listes des personnes recherchées par INTERPOL.
Hachemi a nié toutes les accusations portées contre lui et les a liées à son parti pris pour les musulmans sunnites de l’ouest de l’Irak.
Bien que rayé des listes d’INTERPOL, le gouvernement irakien continue de demander l’extradition d’Al-Hashemi, qui réside officiellement en Turquie et se rend parfois au Qatar et en Arabie saoudite.

2- L’Egypte
Le 3 juillet 2013, l’armée égyptienne a perpétré un coup d’État contre le président élu Mohamed Morsi. Plusieurs de ses ministres et collaborateurs ont été emprisonnés.
Ceux qui ont réussi à quitter l’Égypte continuent à être persécutés par le régime qui les a condamnés par contumace d’être liés au terrorisme et à la déstabilisation du pays.

3- La Mauritanie
La Mauritanie a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de l’homme d’affaires Mohammed Ould Bouamatou, qui avait eu un différend en 2011 avec son cousin, le président Mohamed Ould Abdel Aziz, alors qu’il était connu pour être proche de lui.
Ould Bouamatou a passé un certain temps au Maroc et s’est ensuite installé en France pour poursuivre sa lutte pacifique pour un changement démocratique  en Mauritanie, selon certaines informations, il fournit un soutien financier à l’opposition dans son pays.
Ould Bouamatou accuse le régime mauritanien de le menacer de mort et de harceler les membres de sa famille à l’intérieur du pays. Les autorités ont déjà pris des mesures à l’encontre des entreprises et des institutions de Bouamatou et ont gelé ses comptes bancaires.
La justice mauritanienne a également lancé un mandat d’arrêt contre l’opposant Mustafa Ould Imam El chavii.
En décembre 2017, les services mauritaniens  ont obtenu des Émirats Arabes Unis l’extradition du poète Abdallah Ould Bouna après avoir vivement critiqué le président Ould Abdel Aziz dans des enregistrements audio distribués par des Mauritaniens par WatsApp.
À la fin du mois de janvier, les autorités ont libéré Ould Bouna après qu’il a écrit un poème louant le président et demandant des excuses.

4- le Soudan
Certains groupes d’opposition civile soudanais sont à l’étranger, demandant le renversement du régime par une révolution populaire et l’accusant de ne pas avoir dirigé le pays et de l’isoler au cours des trois dernières décennies.
Les forces de l’opposition soudanaise sont dirigées par Sadiq al-Mahdi, qui réside à l’étranger depuis février.
En avril, le procureur chargé de la sécurité de l’Etat au Soudan a porté 10 accusations contre Al Mahdi, dont certaines  peuvent le condamner à la mort, et ce en réponse à des plaintes des services de sécurité concernant sa « coordination avec les mouvements armés rebelles exigeant le renversement du régime par la force ».
Al-Mahdi est resté au Caire pendant des mois et a ensuite été empêché par les autorités égyptiennes d’entrer sur son territoire. Il rendu à Londres, le 14 juillet , et y est resté.

5- les Émirats
Des opposants émiratis vivent en Turquie et ailleurs, et les autorités des Émirats arabes unis les incluent dans des listes de terroristes et les accusent de promouvoir les idées et les objectifs des Frères musulmans.
Les autorités ont révoqué la nationalité de certains d’entre eux et émis des mandats d’arrêt contre d’autres.
Hasan al-Dokki, Jassim Rashid al-Shamsi et Salim al-Manhali comptent parmi les opposants émiratis vivant à l’étranger.
Les autorités émiriennes accusent Dokki d’avoir formé une organisation secrète pour les Frères musulmans.

6- le Qatar
En juin 2014, Khaled al-Hill a tenu une conférence de presse au Caire, annonçant le lancement de l’opposition qatari à l’étranger.
Il a justifié la non-participation de tout autre Qatari à la conférence en affirmant que les autorités avaient empêché ses partisans de quitter le pays.
Les autorités qatariennes n’ont pas officiellement commenté les activités d’Al Hill en Égypte et en Grande-Bretagne, mais des journalistes qataris ont écrit qu’il était recherché pour des raisons financières.
Après l’embargo du Qatar,sultan bin Suhaim est apparu comme un opposant Qatari , publiant des communiqués à partir de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Bahreïn.

7- l’Arabie Saoudite
De nombreux dissidents saoudiens résident en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Canada et ailleurs. Parmi eux se trouvent des écrivains, des journalistes, des juristes et des membres de la famille dirigeante qui accusent le royaume de persécutions,d’enlèvement et, éventuellement, d’élimination physique, comme le cas du journaliste Jamal Khashoggi.
Les autorités ont récemment reconnu qu’elles adoptaient un plan officiel pour « faire revenir »tous les dissidents vivant à l’étranger.
L’année dernière, la BBC avait produit un film documentaire intitulé « Les princes captifs », qui traitait de l’histoire de trois membres de la famille dirigeante kidnappés par les autorités saoudiennes de villes européennes après avoir exprimé leur opposition à la monarchie de Riyadh. Les trois princes sont sultan bin Turki, Turki bin Bandar et Saoud ibn Saif al-Nas