Le gaz du Nigeria exacerbe les rivalités entre Maroc et Algérie

04/05/2022 – La rédaction de Mondafrique

Dans le dossier du méga projet de gazoduc visant à acheminer le gaz nigérian à l’Afrique du Nord et à l’Europe, le Maroc a réussi une offensive diplomatique pour convaincre le Nigeria qu’il est le partenaire le plus fiable. Au détriment des projets avec l’Algérie du Nigéria qui dispose d’énormes réserves en gaz, les premières en Afrique et les septièmes au niveau mondial.

Le Nigeria et le Maroc sont toujours à la recherche de fonds pour financer un méga projet de gazoduc visant à acheminer le gaz nigérian à l’Afrique du Nord et à l’Europe, a déclaré hier lundi 1er mai à ce propos le ministre nigérian du Pétrole. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les réserves en gaz de l’Afrique attirent de plus en plus les regards, l’Union européenne cherchant notamment des alternatives à son approvisionnement en gaz par la Russie.

Il y a quatre ans, le roi du Maroc Mohammed VI et le président nigérian Muhammadu Buhari sont tombés d’accord sur un méga projet de transport de gaz le long de la côte atlantique, sur plus de 3.000 km. Un accord entre les deux pays a été signé pour la première fois en 2016. Le ministre nigérian du Pétrole Timipre Sylva a déclaré que le pipeline serait une extension d’un gazoduc acheminant le gaz du sud du Nigeria au Bénin, au Ghana et au Togo depuis 2010. «Nous voulons continuer ce même pipeline jusqu’au Maroc le long de la côte. Aujourd’hui, (le projet) est toujours à l’étude», a affirmé hier lundi Timipre Sylva.

« Nous en sommes à la sécurisation du financement et beaucoup de personnes manifestent leur intérêt », a poursuivi le ministre. « Les Russes étaient dans mon bureau la semaine dernière, ils sont très désireux d’investir dans ce projet », a-t-il indiqué. Pour l’heure, Timipre Sylva a précisé qu’aucun accord sur le financement n’a été trouvé. « Il y a beaucoup d’interêt à l’international mais nous n’avons pas encore identifié les investisseurs avec lesquels nous voulons travailler ».

Inquiétudes algériennes

Les déclarations de ce haut responsable Nigerian ont de quoi inquiéter très sérieusement l’Algérie car elles signifient que le Maroc est en train de bâtir une solide alliance avec le Nigeria pour réaliser un méga-projet stratégique pour l’avenir du gaz naturel dans le monde. Et cette alliance risque fortement d’être concrétisée au détriment des intérêts de l’Algérie qui mène des discussions depuis 2002 pour un projet similaire de pipeline traversant la région du Sahel afin de le réexporter ensuite vers l’Europe en utilisant les infrastructures existantes permettant l’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne ou l’Italie.

Ces dernières déclarations du gouvernement nigérian démontrent que le projet « marocain » avance à grand pas. En revanche le projet de gazoduc de 4000 km, appelé le gazoduc transsaharien (TSGP), s’étendant du Nigéria jusqu’en Algérie en passant par le Niger, est au point mort.Lors d’une visite récente au Niger, le 17 février 2022, le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, avait rencontré ses homologues nigérien et nigérian. En novembre 2021, l’ambassadeur du Nigeria à Alger, Mohammed Mabdul, avait même estimé  que le Nigeria pourrait fournir 30 milliards de mètres cubes de gaz par an à travers cette installation.

Rivalités Alger-Rabat

Le Nigeria ne cache pas sa méfiance à l’égard du TSGP en raison des difficultés de financement qui affectent la première partie du gazoduc – le pipeline Ajaokuta-Kaduna-Kano (AKK) de 614 km. !

Face à ces difficultés locales, de nombreux dirigeants nigérians sont tentés par les avantages promis par le Nigeria-Morocco Gas Pipeline, qui doit relier le colosse ouest-africain au Maroc, par la côte, connectant au total 11 pays de la zone en cours de route. Ce qui représente un danger majeur por les intérêts de l’Algérie.

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