Gabon, le crime de Lèse Bongo

22/08/2019 – La redaction de Mondafrique

Le Gabon s’est doté d’une loi particulièrement liberticide sanctionnant très sévèrement tous ceux qui osent critiquer Ali Bongo notamment sur internet.

Par Jocksy Ondo Louemba

Le 17 Juillet 2019 est paru le N°27 Bis Spécial du Journal officiel de la République Gabonaise dans lequel figure une loi sanctionnant tous les détracteurs d’Ali Bongo nommée « Outrage envers le président de la République ». Cette loi défini l’outrage comme « Tout acte ou toute attitude de nature à porter atteinte à la considération, au respect, au prestige » du Président de la République du Gabon.

« Section 4 : De l’outrage envers le président de la République »

Le nouvel article 219 du code pénal du Gabon dispose : « l’outrage envers le Président de la république, commis en quelque lieu, en quelque occasion ou par quelque moyen que ce soit, est puni d’un emprisonnement de cinq ans au plus et pourra l’être en outre d’une amende d’un montant de 5.000.000 de francs au plus ».

Conscient que la majorité de la fronde contre Ali Bongo s’exprime sur internet le « législateur » gabonais précise : « Si l’outrage a été commis par voie de tracts, de tout moyen électronique, de bulletins ou papillons, distribués ou exposés au regard du public ou détenus en vue de la distribution, les auteurs et complices sont punis de deux ans d’emprisonnement au plus et d’une amende de 2.000.000 de Francs au plus ».

« Le retour du crime de lèse Bongo »

Ces nouvelles dispositions rappellent une loi en vigueur au temps du parti unique de 1967 à 1990 appelée « crime de lèse Bongo ». Était coupable de crime de lèse bongo celui n’était pas membre du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir depuis 52 ans !) qui empêchait sa femme ou ses enfants d’être membres du parti démocratique gabonais, le fonctionnaire, cadre ou étudiant qui ne portait pas à sa boutonnière l’insigne du Parti Démocratique Gabonais. Mais surtout était puni sévèrement puni celui qui : « Prononcerai de façon tendancieuse le nom du Président de la République, de sa femme, d’un membre de sa famille et de son ethnie » !

Ces nouvelles dispositions légales s’inscrivent dans un contexte particulier où la question de l’état de santé réel d’Ali Bongo se pose de plus en plus. Nul doute que cette loi augure une répression « légale » notamment des internautes. Si certains de ces derniers – tel qu’Hervé Mombo Kinga – ont déjà connu la prison, on peut désormais affirmer sans risque de se tromper que la « chasse aux empêcheurs de tourner en rond » s’exprimant sur internet notamment va nettement s’amplifier…sous le sceau de la justice.