Gabon, la torture au quotidien

29/07/2019 – La redaction de Mondafrique

Jean claude Mbayi, Gabonais, est mort après avoir été torturé par des éléments de la Direction Générale des Recherches (DGR- dépendant directement de la Présidence du Gabon) de l’antenne de Franceville au Gabon. Une affaire qui jette la lumière sur les méthodes odieuses des forces de sécurité du Gabon.

Par Jocksy Ondo Louemba

C’est une bien sordide affaire doublée d’un drame qui s’est déroulé à Franceville, capitale de la province du Haut Ogooué (Gabon) le Dimanche 21 Juin 2019. Jean Claude Mbayi, gabonais, agent municipal dans la ville de Léconi, la quarantaine et père de 5 enfants a trouvé la mort sous la torture dans les locaux de l’antenne de la Direction Générale des Recherches (DGR). Cité dans une affaire disparition, Jean Claude Mbayi avait été arrêté à Leconi trois jours plus tôt dans la nuit du 17 au 18 Juin alors qu’il rentrait d’un voyage au Congo-Brazzaville.

« L’Affaire Ngabou »

Alors que Jean Claude Mbayi se trouve au Congo Brazzaville, la disparition d’un homme plonge la petite localité de Léconi dans la stupeur. Monsieur Kaloulou dit Ngambou, septuagénaire, surveillant retraité au CES Kakogho de Léconi, est porté disparu alors qu’il était allé pécher à la rivière Ngouya. Alertés par les proches du disparu, les Gendarmes de la Brigade de Léconi commencent à enquêter et très vite ils vont retrouver près de la rivière Ngouya des indices qui leur permettent de penser que le disparu a été enlevé et certainement victime d’un « crime rituel », un sacrifice humain censé apporter richesse et puissance à son commanditaire. La ville est en émoi et une foule en colère entend obtenir la vérité et exige que le corps du disparu soit rendu à sa famille. Les gendarmes procèdent à des arrestations de suspects qui sont interrogés. L’un des suspects arrêtés désigne Jean Claude Mbayi – qui se trouve au Congo – comme mêlé à l’affaire.

Jean claude Mbayi, Gabonais, est mort après avoir été torturé

Les derniers jours de Jean Claude Mbayi

De retour de son voyage du Congo, Jean Claude Mbayi, est arrêté dans la nuit du Mercredi 17 au Jeudi 18 Juin 2019 par des gendarmes de Léconi. Conduit peu après à Bongoville Jean Claude Mbayi est finalement transféré à l’antenne de la Direction Générale des Recherches à Franceville le Samedi 20 Juin 2019. Informés de la présence de leur proche dans les locaux de la Direction Générale des Recherches de Franceville, les proches de Jean Claude Mbayi vont se rendre dans la capitale du Haut Ogooué, le dimanche 21 Juillet 2019. Arrivés à la Direction Générale des Recherches à 9h, ils demandent à voir Jean Claude Mbayi qu’ils croient en garde à vue. Une fin de non-recevoir leur est opposée par les gendarmes d’élite qui leur font savoir que les visites ne sont pas autorisées. Les gendarmes les invitent à laisser leurs coordonnées pour etre rappelés dès qu’il sera possible de voir Jean Claude Mbayi. Deux heures plus tard, à 11h, l’une des proches est invité à se rendre à la Direction Générale des recherches. Une fois sur place elle trouve le Procureur de la République ainsi que des responsables de la gendarmerie et de la Police et un corbillard de la société des pompes funèbres Altosep.

Mort sous la torture

Avec stupeur les proches de Jean Claude Mbayi découvrent qu’il est décédé et qu’on s’apprête à acheminer son corps à la morgue. En discutant avec les autorités présentes, les proches de Jean Claude Mbayi apprennent qu’il est décédé Dimanche 21 Juillet 2019 à 4h du matin. Demandant à voir le corps, ils découvrent avec effroi qu’il a été atrocement supplicié. Sa dépouille est sanguinolente et tuméfiée. La vérité s’impose d’elle-même : Jean Claude Mbayi a été torturé à mort par les Gendarmes de la Direction Générale des Recherches.

La torture est allègrement pratiquée au Gabon et ce n’est pas la première fois qu’un homme est torturé à mort à Franceville. En 2017, Bonssa Issufu soupçonné d’avoir commis un vol dans la maison dans laquelle il travaillait avait été torturé à mort cette fois ci dans les locaux de la Police Judiciaire. Plus tard, on avait découvert qu’il n’y était absolument pour rien.