Caline Maaraoui, une candidate au service des Français du Moyen Orient et d’Afrique

01/06/2022 – Nicolas Beau

Dans cette circonscription qui regroupe les 120000 électeurs de quarante neuf pays, dont, pour la moitié, au Liban et dans les pays du Golfe, la franco-libanaise Caline Maaraoui, directrice des services juridiques des marchés libanais, veut porter les revendications des Français de l’étranger face à une députée sortante, Amelia Lakrafi, particulièrement inexistante 

« La politique coule dans mon sang, la France est au coeur de mon ADN et les problématiques des français de l’étranger, je les connais de près, au contact du terrain ». Voici trois raisons au moins qui donnent un certain relief à la candidature aux législatives françaises de la franco libanaise, Caline Maaraoui!  D’autant plus que la députée sortante d’ « En Marche », Amelia Lakrafi, a brillé pendant cinq ans par son absence!

« La situation s’aggrave, constate la candidate franco-libanaise rentrant ces jours ci du Ghana et d’Afrique, je veux remuer les cercles parisiens pour qu’ils s’intéressent à nous, à nos problèmes, à nos difficultés. D’abord, faire des Français de l’étranger des acteurs à part entière de la vie politique française. Ensuite, rétablir l’égalité entre les Français de l’hexagone et les Français de l’étranger. Enfin, faire comprendre à notre diplomatie que nous pouvons être des intercesseurs, en tout cas des connaisseurs et que nous pouvons être utile à la France ».Et de souligner, avec vigueur, les conséquences désastreuses de l’inflation et de la guerre en Ukraine pour le pouvoir d’achat, un sujet qui vu de Beyrouth, a pris des proportions dramatiques. « La hausse des prix est mondiale que ce soit au niveau de l’énergie ou des matières premières. Les prix des produits de premières nécessités s’envolent dans tous les marchés ou supermarchés des 49 pays qui composent la circonscription ». 

Les Français de l’étranger, se demande cette franco-libanaise, ont-ils encore le soutien de la Nation française ? Plus totalement ! »La rupture d’égalité », selon elle, pénalise les communautés françaises du Moyen Orient et d’Afrique

Une ouverture sur le vaste monde 

La candidate porte un regard nuancé sur la diplomatie d’Emmanuel Macron, notamment au Liban. « Le président Macron a beaucoup tenté, mais malheureusement peu réussi, explique-t-elle à Mondafrique, .S’il a dit ce qu’il fallait dire sur le Liban, ses déclarations n’ont pas eu l’efficacité souhaitée ». Et de poursuivre: « La France sous son égide a joué un rôle positif dans le soutien à la dette libanaise. Mais la députée sortante, Amelia Lakrafi, qui soutient l’action du Président français, n’est pas parvenue à être la porte parole à l’Assemblée nationale des intérêts libanais. Il faut faire autrement »

C’est un regard neuf sur le Moyen Orient qui est porté par la candidate et son suppléant, Mazen Hakki, qui vit à Djedda, témoin privilégié, après trente-neuf ans en Arabie Séoudite, de la feuille de route du prince héritier, Mohammed ben Salmane, dit MBS. « L’Arabie est marquée dès les années 60, déclare-t-il,  par l’éducation et l’enseignement des femmes». Et d’ajouter: « Dans les années 70, l’industrie pétrochimique a fait son entrée, un grand pas vers le futur pour l’Arabie saoudite ».

Dans les années 80 enfin et toujours selon le suppléant de Caline Maaraoui, de nombreux travaux d’infrastructures ont été effectués et les villes ont été construites en Arabie Saoudite.  » Si on aborde la période marquée par la montée en puissance du prince héritier MBS, conclut-il, je dirais que c’est une période plutôt unique dans le monde, c’est une expérience très spéciale de voir la totalité d’une société changer d’orientation pour être apte à vivre l’avenir».

Amelia Lakrafi, une élue transparente

Face à une Caline Maaraoui très offensive, la députée sortante d’ « En Marche », Amelia Lakrafi, élue en 2017 dans la 10 ème circonscription des Français de l’Etranger, n’a pas brillé  durant son mandat.

La Mauritanie aura été la première destination de la députée à peine élue au nom d’ « une mission d’étude sur la sécurité au Sahel », dont on a perdu la trace depuis. Au quai d’Orsay, beaucoup s’étonnèrent d’une telle initiative de la part de la représentante de 49 pays africains et arabes, mais dont la Mauritanie ne faisait pas partie.

Lors d’un diner officiel organisé par le principal lobbyist du régime mauritanien à Paris, le consultant Jemal M.Taleb, avec lequel elle a des liens étroits, Amelia Lakrafi rencontrait plusieurs diplomates en poste à Nouakchott, dont l’ambassadeur de France. Le but de ces agapes était clairement de soutenir l’ex président mauritanien Aziz. Or l’ex président Aziz, aujourd’hui détenu pour avoir pillé son pays, n’est sans doute pas la personnalité politique dont il convenait de soutenir les réseaux à Parisi

Mais ce n’est pas tout. Lorsque le 12 décembre 2017 le président mauritanien souhaite organiser, avec l’aide toujours de l’infatigable Jemal M. Taleb, un colloque à l’Assemblée Nationale, c’est la députée Amelia Lakrafi qui figure en t!te des cartons d’invitation adressés aux amis de la Mauritanie.

Par ailleurs, la députée est devenue la vice présidente du groupe d’amitié avec le Congo du très autoritaire président Sassou. C’est via ce canal qu’elle a pu introduire Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale congolaise auprès de son homologue, François de Rugy, alors président de l’Assemblée Nationale.

Le mandat de Madame Lakrafi n’aura été marqué par une grande assiduité au Palais Bourbon. Une place est à prendre au chevet des communautés françaises du Moyen Orient, de l’Océan indien et d’Afrique !