Gabon, les biens mal acquis de Frédéric Bongo à Paris

02/01/2019 – Nicolas Beau

Le tout puissant patron des services de renseignement et demi frère du président Ali Bongo, Frédéric Bongo, rêve de se hisser aux plus hautes fonctions au Gabon. En digne héritier de son père, Omar Bongo, ce Rastignac possède déja un joli capital immobilier à Paris.

A 39 ans, Frédéric Bongo est le tout puissant chef des services de renseignement du Gabon, une brillante carrière conduite avec brio dans les pas de son demi frère ainé, Ali Bongo.

Cet homme comblé serait aussi, d’après les sources de Mondafrique, un heureux propriétaire immobilier à Paris avec trois somptueux appartements dans l’Ouest de la capitale, acquis ces deux dernières années.

Un sécuritaire sans états d’âme

Depuis l’hospitalisation d’Ali Bongo, son demi frère, le 14 octobre à Riyad et les bruits les plus alarmistes sur son état de santé actuel, Frédéric Bongo apparait comme un des possibles successeurs. Du moins s’il parvient à l’emporter, dans les affrontements de sérail que connait le Gabon et qui le voient s’opposer au directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga, soutenu par l’influente première dame, Sylvia Bongo. Ce dernier a un profil plus lisse que le patron des services secrets et donc plus comestible pour les chancelleries occidentales inquiètes du degré de brutalité du régime.

Dans la course féroce à la succession qui se joue à Libreville, la principale force de Frédéric Bongo, mais aussi son point faible, est d’être l’homme fort du clan Bongo au sein de l’appareil sécuritaire. Sa vigilance constitue une sorte d’assurance vie pour la junte militaire au pouvoir, mais qui l’oblige à cautionner les innombrables atteintes aux droits de l’homme qui sont perpétrées dans le Gabon actuel.

Une ascension fulgurante

Né le 26 août 1979 à Paris, Frédéric Bongo a effectué de brillantes études dans la prestigieuse école militaire française de Saint Cyr. Son père est le président gabonais d’alors, Omar Bongo, et sa mère, Jacqueline Coq, de nationalité marocaine. Lieutenant major de la gendarmerie à vingt sept ans, il deviendra en 2006 un des cadres de la Direction Générale des recherches.

Deux ans plus tard, sa carrière s’accélère. En 2008, il entre dans le premier cercle de son père, feu le Président Omar Bongo Ondinba. Avec l’onction de son demi frère devenu chef de l’Etat en 2009, Frédéric Bongo brule alors les étapes et prend l’ascendant sur le puissant général Grégoire Kouna, cousin germain d’Ali Bongo et patron de la redoutable Garde Républicaine, chargée de la protection rapprochée de la Présidence.

Un business florissant

Parallèlement à sa carrière dans l’appareil sécuritaire, Frédéric Bongo arrondit ses fins de mois grâce à un commerce de voitures entre la France et le Gabon auquel il participe. Il est connu pour l’aide qu’il a apportée en 2012 à une société américaine « Alex Stewart International », spécialisée dans l’audit de sociétés minières et pétrolières, pour se faire une place au Gabon

Son associé à l’époque, Mahmoud Thiam, un ancien ministre des mines de Guinée, n’aura pas la même baraka que lui. La justice américaine l’a condamné en 2017 à sept ans de prison pour avoir encaissé des commissions de grands conglomérats chinois.

Son principal succès, sur le terrain des affaires, aura été d’avoir fait entrer le groupe italien ENI au Gabon. Une société était créée en 2008 pour gérer ce rapprochement, « Push Oil », dirigée par un proche de Frédéric Bongo, Teddy Ondo Ella.

Des somptueux investissements immobiliers

En gestionnaire avisé, Frédéric Bongo n’a pas voulu investir toute sa fortune dans le pétrole. Il possède également à Paris au moins trois appartements, le premier avenue Foch, qui donne également sur l’avenue Malakoff, le second boulevard Flandrin et le troisième rue Edmond Valentin.

En matière de biens acquis à Paris, Frédéric Bongo semble en tout cas être le digne héritier de la dynastie Bongo au pouvoir au Gabon depuis 1967 et qui a acquis à Paris un riche capital immobilier qui lui est contesté, ces dernières années, par des associations citoyennes dans les procédures dites des « biens mal acquis »